Imaginez un instant qu’un astéroïde de la taille d’un terrain de football fonce droit vers notre planète, menaçant de provoquer une catastrophe sans précédent. C’est le scénario que les agences spatiales du monde entier prennent très au sérieux depuis plusieurs années, alors que l’astéroïde YR4 a une probabilité non négligeable de percuter la Terre le 22 décembre 2032. Face à ce risque, les scientifiques travaillent d’arrache-pied pour mettre au point des stratégies de défense planétaire innovantes.
Une menace cosmique bien réelle
Avec ses 40 à 90 mètres de large, YR4 n’est pas un « tueur de planète » mais pourrait tout de même causer des dégâts considérables s’il venait à s’écraser sur une zone habitée. Selon les calculs de la Nasa rendus publics récemment, cet astéroïde a actuellement 3,1% de chances de frapper la Terre, soit le niveau de risque le plus élevé jamais enregistré. Mais pas de panique, cette probabilité devrait diminuer au fur et à mesure que de nouvelles données seront collectées dans les mois à venir.
Un système de surveillance renforcé
Pour mieux anticiper ce type de menace, les agences spatiales ont considérablement renforcé leurs moyens de détection et de suivi des astéroïdes potentiellement dangereux. Des programmes de recherche dédiés scrutent en permanence le ciel à la recherche de tout objet susceptible de croiser l’orbite terrestre. Grâce à des télescopes toujours plus puissants et des algorithmes de plus en plus sophistiqués, les scientifiques sont capables d’identifier très tôt les risques de collision.
Des techniques de déviation innovantes à l’étude
Mais identifier un astéroïde menaçant ne suffit pas, encore faut-il pouvoir l’empêcher de nous percuter. C’est tout l’enjeu de la défense planétaire, un domaine de recherche en plein essor qui mobilise certains des plus grands cerveaux de la planète. De nombreuses techniques sont actuellement à l’étude pour dévier la trajectoire d’un astéroïde, des plus brutales aux plus subtiles :
- Percuter l’astéroïde avec un vaisseau : c’est la méthode testée avec succès par la Nasa en 2022 sur Dimorphos, un astéroïde qui ne représentait pas de danger. La mission DART a prouvé qu’il était possible de déplacer un corps céleste en le percutant. Cette technique pourrait être utilisée à plusieurs reprises sur YR4.
- Le « tracteur gravitationnel » : il s’agit d’envoyer un gros vaisseau à proximité de l’astéroïde et d’utiliser son attraction gravitationnelle pour modifier progressivement son orbite, sans même le toucher.
- Un flux d’ions pour le repousser : un engin spatial équipé de propulseurs pourrait éjecter en continu un flux d’ions vers l’astéroïde pour le dévier.
- Peindre l’astéroïde en blanc : en changeant sa couleur sur une face, on modifierait légèrement l’effet de la pression du rayonnement solaire et donc sa trajectoire.
Dévier YR4 est faisable, mais cela dépend de la rapidité avec laquelle nous agissons en tant que planète.
Richard Moissl, chef du bureau de défense planétaire de l’ESA
Des solutions de dernier recours
Si malgré tous les efforts, un impact s’avérait inévitable, d’autres options plus radicales sont envisagées en dernier recours :
- Faire exploser une bombe nucléaire à proximité de l’astéroïde pour vaporiser sa surface et le propulser dans la direction opposée. Cette méthode controversée ne serait utilisée qu’en cas de menace majeure, pour des astéroïdes de plus d’un kilomètre.
- Bombarder l’astéroïde avec des lasers depuis un engin spatial pour obtenir un effet similaire. Des expériences en laboratoire suggèrent que cela pourrait fonctionner.
Se préparer au pire
Dans le pire des scénarios, si aucune technique ne parvenait à dévier YR4, les autorités auraient tout de même le temps de mettre en place un plan d’urgence. Heureusement, cet astéroïde n’est pas assez gros pour menacer l’humanité toute entière, et sa zone d’impact pourrait être prédite assez précisément pour lancer une évacuation si nécessaire.
Donc pas de panique, nous ne risquons pas de finir comme les dinosaures. Avec un peu de chance, YR4 passera très loin de nous. Mais en attendant d’en avoir le cœur net, les agences spatiales continuent de plancher sur la meilleure façon de nous protéger face à ce genre de menace cosmique. La défense planétaire n’a pas fini de faire parler d’elle !