Imaginez un État qui abrite les plus grandes fortunes du monde, forgées dans la silicon et les blockchains, et qui décide soudain de prélever 5 % sur leur patrimoine total. Pas sur leurs revenus, mais sur leur richesse elle-même, y compris les actifs qui n’ont pas encore été vendus. C’est exactement ce que propose une initiative en Californie, et cela fait des vagues dans l’univers des cryptomonnaies.
Une Proposition Explosive Qui Divise La Californie
Cette mesure, baptisée 2026 Billionaire Tax Act, n’est pas une taxe ordinaire. Elle cible les résidents dont la fortune nette dépasse un milliard de dollars, en imposant un prélèvement unique de 5 % sur l’ensemble de leurs biens. Actions, immobilier, œuvres d’art, et bien sûr, cryptomonnaies : tout y passe, même les plus-values latentes, ces fameux gains non réalisés qui font la spécificité de nombreux investissements dans le secteur tech et crypto.
Portée par un puissant syndicat de travailleurs de la santé, cette initiative vise à combler un déficit prévu dans le programme Medi-Cal, le système de santé pour les plus modestes. Les promoteurs estiment qu’elle pourrait générer des dizaines de milliards de dollars, essentiels face aux coupes fédérales potentielles. Mais pour beaucoup, c’est une bombe à retardement pour l’économie californienne.
Qu’est-Ce Que Cette Taxe Change Concrètement ?
Le mécanisme est simple sur le papier, mais dévastateur pour les concernés. La fortune est évaluée à une date précise, et le paiement peut s’étaler sur cinq ans, avec des intérêts pour ceux qui choisissent l’échelonnement. Immobilier et comptes retraite sont exclus, mais les actions en bourse, les parts d’entreprises privées et les portefeuilles crypto sont pleinement dans le viseur.
Pour un fondateur de startup ou un investisseur crypto, dont la richesse repose souvent sur des actifs illiquides, cela signifie potentiellement vendre une partie de leurs holdings pour payer l’impôt. Ce qui déclenche… une double taxation : impôts sur les plus-values réalisées lors de la vente, en plus de la taxe sur la fortune.
Des figures emblématiques comme Peter Thiel ou Larry Page envisagent déjà de réduire leurs liens avec l’État. Certains préparent même leur départ avant la date fatidique du 1er janvier 2026, qui fixerait leur résidence fiscale.
La Crypto En Première Ligne Des Critiques
Dans le monde des cryptomonnaies, la réaction est unanime : c’est une erreur monumentale. Jesse Powell, cofondateur de Kraken, a qualifié la mesure de « vol à 5 % sur des gains non réalisés et des actifs déjà taxés ». Il prédit que ce sera « la goutte d’eau » pour de nombreux milliardaires, emportant avec eux emplois, philanthropie et investissements.
« Une taxe sur des gains non réalisés et des actifs déjà imposés est la chose la plus absurde que j’aie entendue. Les milliardaires partiront avec leurs dépenses, leurs hobbies, leur philanthropie et leurs emplois. »
Jesse Powell, cofondateur de Kraken
Nic Carter, partenaire chez Castle Island Ventures, compare cela à un « signal de défaut souverain » pour le capital : une fois ouverte la porte à une taxe sur la richesse, d’autres pourraient suivre. David Sacks, influent dans la tech et la crypto, insiste sur le fait que ce n’est pas seulement une taxe sur les unrealized gains, mais une confiscation pure et simple de 5 % de la fortune nette.
Hunter Horsley, PDG de Bitwise, y voit une menace pour la confiance des investisseurs. Pour ces leaders, taxer des actifs volatiles comme les cryptos sans réalisation forcera des ventes massives, déprimant les marchés et diluant le contrôle des fondateurs sur leurs entreprises.
Le Spectre De L’exode Des Capitaux
L’histoire récente offre un miroir troublant : la Norvège. Après une augmentation modeste de sa taxe sur la fortune, le pays nordique a vu des dizaines de milliardaires fuir vers la Suisse ou ailleurs. Plus de 50 milliards de dollars de richesse ont quitté le pays, entraînant une perte nette en recettes fiscales bien supérieure aux gains espérés.
Fredrik Haga, cofondateur de Dune, en est un exemple concret. Il a quitté la Norvège, citant précisément cette fiscalité sur les gains non réalisés. « La Norvège est devenue plus égalitaire, mais tout le monde y est plus pauvre », résume-t-il.
En Californie, qui concentre un quart des milliardaires américains, l’impact pourrait être amplifié. Silicon Valley et la crypto dépendent de cet écosystème unique de talents et de capitaux. Une fuite vers des États comme la Floride, le Texas ou même l’étranger risquerait de vider l’innovation de sa substance.
Les risques d’un exode fiscal :
- Perte de recettes fiscales à long terme via les impôts sur le revenu
- Réduction des investissements locaux et créations d’emplois
- Délocalisation de startups et fonds venture
- Signal négatif pour les futurs entrepreneurs
Les Arguments Des Défenseurs
De l’autre côté, des voix comme celle du représentant Ro Khanna, démocrate pro-crypto, défendent la mesure. Il argue que cette taxe modeste financerait santé, éducation et logement, rendant l’Amérique plus équitable sans tuer l’innovation. « Nous ne pouvons pas avoir une concentration extrême de richesse pendant que tant d’Américains luttent », plaide-t-il.
Les partisans soulignent que la Californie a besoin de ressources pour affronter les défis budgétaires. Avec une fortune collective des milliardaires dépassant les 2 000 milliards de dollars, un prélèvement unique semblerait justifiable pour beaucoup.
Pourquoi La Crypto Est Particulièrement Touchée
Les cryptomonnaies incarnent parfaitement le problème des actifs illiquides et volatils. Un portefeuille Bitcoin ou Ethereum peut valoir des milliards un jour et chuter le suivant. Taxer cela annuellement – ou même une fois – force des décisions irrationnelles : vendre au mauvais moment pour payer l’État.
De plus, beaucoup de richesses crypto proviennent de fondateurs ou early investors qui n’ont pas liquidé. Imposer sur du « papier » revient à pénaliser le risque et l’innovation qui ont fait la force de la blockchain.
Enfin, dans un monde globalisé, la mobilité est réelle. Dubaï, Singapour ou le Portugal attirent déjà les whales crypto avec des fiscalités avantageuses. La Californie risque de accélérer cette tendance.
Les Défis Légaux Et Politiques À Venir
Pour entrer en vigueur, l’initiative doit recueillir plus de 874 000 signatures valides pour figurer au bulletin de 2026. Si elle passe, des batailles judiciaires s’annoncent : constitutionnalité, rétroactivité, discrimination…
Même Gavin Newsom, gouverneur démocrate, a historiquement opposé à des taxes sur la richesse. La pression monte des deux côtés.
Vers Un Débat Plus Large Sur La Fiscalité
Cette proposition californienne relance le débat mondial sur la taxation des ultra-riches. Entre inégalités croissantes et besoins publics, où tracer la ligne ? La crypto, symbole de liberté financière pour beaucoup, se retrouve au cœur de la tempête.
Une chose est sûre : si elle passe, l’impact sur l’écosystème tech et crypto pourrait être profond. Rester en Californie deviendrait un choix idéologique autant que financier. Et pour l’État doré, le risque de voir ses joyaux partir ailleurs est bien réel.
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