Dans un contexte politique tendu, le Premier ministre François Bayrou a confirmé jeudi le maintien de la taxe sur les hauts revenus dans le projet de loi de finances pour 2025. Cette mesure, initialement portée par l’équipe de Michel Barnier, vise à rééquilibrer la fiscalité et à soulager les comptes publics. Décryptage d’un dossier brûlant.
Une taxe controversée au cœur des débats
Baptisée « contribution différentielle sur les hauts revenus », cette taxe devait rapporter 2 milliards d’euros dans la version présentée par Michel Barnier. Son objectif : faire contribuer davantage les plus aisés pour réduire les déficits. Mais le sujet est explosif, cristallisant les tensions entre la majorité et l’opposition.
François Bayrou a choisi de maintenir la mesure, tout en annonçant qu’elle serait remplacée « au plus tard » en 2026 par un « nouveau dispositif pérenne de lutte contre une injuste optimisation fiscale ». Une manière de tendre la main à la gauche, qui réclamait des gages sur la justice fiscale.
Le spectre d’une motion de censure
Car l’enjeu est de taille pour le gouvernement. À une heure de l’examen d’une motion de censure à l’Assemblée, le Premier ministre a fait ce geste envers les socialistes pour tenter d’éviter un vote fatal. Les prochaines heures s’annoncent décisives.
La taxation des hauts revenus est un sujet politiquement sensible, qui révèle les lignes de fracture idéologiques. Sa présence dans le budget est un marqueur fort.
Analyse un expert des finances publiques
Une mesure nécessaire pour les comptes publics ?
Au-delà des considérations politiques, la taxe est défendue par le gouvernement comme un outil de redressement des finances de l’État. Avec un déficit public prévu à 5% du PIB en 2025, toutes les recettes sont bonnes à prendre. Bercy compte sur ces 2 milliards pour respecter la trajectoire budgétaire.
Mais les opposants à la taxe pointent son effet néfaste sur l’attractivité fiscale de la France et le risque de fuite des capitaux. Ils plaident pour des économies plutôt que des hausses d’impôts.
Vers une réforme fiscale globale ?
Au final, le maintien de la taxe dans le budget 2025 ne règlera pas le débat de fond sur la fiscalité française. De nombreuses voix appellent à une vaste réforme pour rendre le système plus lisible, plus juste et plus efficace. La taxe Barnier/Bayrou pourrait n’être qu’un premier pas.
Les prochains mois verront sans doute d’intenses tractations sur la refonte de la fiscalité, des hauts revenus comme des entreprises. Avec un objectif : trouver le bon équilibre entre justice sociale et compétitivité économique. Un défi majeur pour le quinquennat.