Place des Omeyyades à Damas, le 31 décembre 2024. Des centaines de citoyens sont rassemblés, brandissant fièrement les couleurs de la révolution. Une révolution qui aura duré 13 longues et douloureuses années. Mais en cette nuit de nouvel an, c’est l’espoir qui règne. L’espoir d’une Syrie enfin libérée du joug du clan Assad, renversé il y a à peine un mois par une coalition de groupes rebelles.
Aux douze coups de minuit, le ciel de la capitale s’illumine. Le tonnerre des feux d’artifice se mêle aux déflagrations des coups de feu tirés depuis le mont Qassioun, rapporte un correspondant de l’AFP sur place. Dans les rues, une ambiance bon enfant règne malgré la présence des forces de sécurité. « Vive la Syrie, Assad est tombé », scandent des enfants, incarnant par leurs voix l’espoir d’une nouvelle génération.
Le drapeau de la révolution flotte sur Damas
Sur la place des Omeyyades, cœur battant de la capitale, le vert, le blanc et le noir s’affichent partout. Sur les voitures malgré les embouteillages, dans les mains des passants. Les trois étoiles rouges, symboles de l’unité du peuple, brillent sous les illuminations. Il y a encore un mois, voir flotter ce drapeau de l’indépendance dans une ville contrôlée par le clan Assad aurait été inimaginable. Aujourd’hui, c’est le symbole d’une Syrie nouvelle qui renaît.
De l’oppression à l’espérance
Pour les Syriens, cette nuit de fête a un goût particulier. Celui de la liberté retrouvée après des années de plomb. « Chaque année, on vieillissait de dix ans d’un coup », confie Qassem, chauffeur de taxi damascène de 34 ans. Un effondrement économique, un pays morcelé, des familles décimées… Le bilan de cette guerre fratricide est terriblement lourd. Mais comme le dit Qassem, « avec la chute du régime, toutes nos peurs se sont dissipées. Maintenant j’ai beaucoup d’espoir. Tout ce qu’on veut désormais c’est la paix ».
Vers une Syrie pluraliste et réconciliée?
Au-delà de la liesse populaire, les défis restent immenses pour un pays meurtri. Si le clan Assad est tombé, les plaies de 13 années de guerre civile sont encore béantes. Plus d’un demi-million de morts, des disparus par dizaines de milliers, des belligérants aux intérêts divergents qui se partagent encore le territoire…
Mais pour Havan, étudiant kurde venu de Qamichli poursuivre ses études de pharmacie dans la capitale, cette nouvelle année doit marquer un nouveau départ. Son souhait le plus cher? « J’espère que la Syrie de 2025 sera une Syrie non-confessionnelle, pluraliste, pour tous, sans exception ». Un vœu partagé par beaucoup en ce 1er janvier, alors que raisonne dans les rues de Damas la chanson révolutionnaire « Lève la tête, tu es un Syrien libre ».
La route sera longue et semée d’embûches. Mais en ce début d’année 2025, c’est bel et bien un vent d’espoir qui souffle sur la Syrie. L’espoir d’une nation qui se relève, enfin réconciliée et tournée vers l’avenir après avoir tant souffert. L’espoir d’un nouveau chapitre, écrit par et pour le peuple syrien.