Saviez-vous que la France est probablement le pays qui compte le plus grand nombre de races de poules anciennes au monde ? Pas moins de 47 variétés uniques, façonnées au fil des siècles par nos terroirs. Un patrimoine génétique exceptionnel, mais aujourd’hui gravement menacé. Sur ces 47 races, 46 sont en voie de disparition selon l’INRAE. Un constat alarmant qui a poussé l’association Roule ma poule à se mobiliser pour leur sauvegarde.
Une Biodiversité Domestique en Danger
Des poules «Lyonnaise», «de Marans», «Gauloise noire», «Gâtinaise» ou encore «d’Alsace»… Derrière ces noms évocateurs se cachent des races façonnées par l’histoire de nos campagnes. Chacune avec ses particularités, adaptées aux besoins et contraintes locales.
Les races ont évolué selon les besoins de nos différents territoires. Et comme on a une grande diversité de ce côté-là, on a eu une grande diversité de races.
Édouard Jannot, fondateur de l’association Roule ma poule
Mais avec la modernisation de l’agriculture après-guerre, l’élevage s’est tourné vers des souches plus productives. Exit les poules rustiques de basse-cour, place aux hybrides calibrés pour l’élevage intensif. Résultat, les effectifs des races traditionnelles se sont effondrés, menaçant tout simplement leur survie.
La Lyonnaise, Joyau en Sursis
Prenons l’exemple emblématique de la poule Lyonnaise. Fruit de 20 ans de sélection, reconnue comme race en 1969, elle ne compte plus que 30 individus, répartis dans un unique élevage du Haut-Doubs.
Quand dans quelques années cet éleveur va arrêter, cela signera l’arrêt de mort de cette poule.
E. Jannot
Un crève-cœur pour les passionnés, qui voient disparaître un patrimoine vivant irremplaçable. Car au-delà de leur valeur culturelle, ces races conservent une diversité génétique précieuse. Une diversité qui pourrait s’avérer essentielle pour l’aviculture de demain.
Roule ma Poule entre en Scène
Face à ce déclin, l’association Roule ma poule veut agir. Lancé mi-octobre par Édouard Jannot et des amis, ce projet ambitieux vise à assurer la pérennité de 16 races anciennes. Et à terme, d’en sauver de nouvelles.
Une démarche inédite par son ampleur. Jusqu’ici, les initiatives de sauvegarde reposaient surtout sur des passionnés isolés, regroupés en clubs de race. Roule ma poule veut changer d’échelle, fédérer les énergies. L’association a déjà reçu le soutien de plusieurs régions, désireuses de préserver leurs variétés locales.
Il y a un enjeu de biodiversité important. Mais c’est aussi symbolique. Le coq gaulois est un symbole français. S’il disparaît pourquoi le porter encore sur les maillots de nos équipes de France ?
E. Jannot
À terme, l’ambition est de réintroduire ces poules rustiques dans les basses-cours familiales. Pour que chacun puisse contribuer, à son échelle, à la survie de ce patrimoine vivant exceptionnel.
Un Trésor à Transmettre
Ces races de poules, c’est bien plus qu’un simple catalogue de variétés. C’est un héritage, façonné par des générations de paysans et d’éleveurs. Un savoir-faire unique, fruit d’une relation intime entre l’homme, l’animal et le terroir.
En les laissant disparaître, c’est une part de nous-mêmes que nous perdrions. Notre histoire, nos racines rurales, cette fascinante capacité à sans cesse nous adapter à notre environnement.
Alors oui, sauvons nos vieilles poules ! Non par nostalgie passéiste, mais pour transmettre aux générations futures ce trésor vivant. Cette biodiversité ordinaire mais ô combien précieuse, qui raconte qui nous sommes et d’où nous venons.