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La Suisse Pourrait Revenir Sur L’Interdiction Des Centrales Nucléaires

La Suisse pourrait faire machine arrière sur sa décision de sortir du nucléaire. Le gouvernement veut permettre la construction de nouvelles centrales pour sécuriser l'approvisionnement électrique du pays face aux risques de pénurie. Une proposition qui divise...

Face aux risques croissants de pénurie d’électricité, la Suisse envisage un revirement stratégique majeur en matière d’énergie nucléaire. Selon des informations obtenues de source gouvernementale, le Conseil fédéral souhaite modifier la législation afin d’autoriser à nouveau la construction de centrales nucléaires sur le territoire helvétique, une pratique pourtant interdite depuis 2018 suite à un référendum populaire.

Un retour du nucléaire pour sécuriser l’approvisionnement électrique

Dans un communiqué publié vendredi, le gouvernement a expliqué vouloir « garder la possibilité de recourir à l’énergie nucléaire pour assurer à long terme la sécurité de l’approvisionnement énergétique de la Suisse ». L’objectif est de disposer d’une « assurance » au cas où le développement des énergies renouvelables ne suffirait pas à couvrir les besoins croissants du pays en électricité décarbonée, nécessaire pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

Cette volonté de revenir sur l’interdiction des nouvelles centrales est motivée par plusieurs facteurs :

  • La croissance démographique de la Suisse et l’augmentation de la demande en électricité qui en découle
  • Le besoin d’une production électrique locale et bas carbone pour tenir les engagements climatiques
  • Les craintes d’un approvisionnement insuffisant, exacerbées par la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine

Le Conseil fédéral souligne que « la pénurie d’électricité que l’Europe a craint en 2022 et 2023 a montré le risque que représente la dépendance de la Suisse vis-à-vis des importations d’électricité en hiver ». Une dépendance particulièrement problématique sachant que près de 30% de l’électricité du pays est actuellement d’origine nucléaire.

Une proposition qui divise

Si ce projet est salué par certains, à l’image des libéraux-radicaux et de l’Association des entreprises électriques suisses, il suscite une vive opposition à gauche de l’échiquier politique ainsi que parmi les organisations écologistes et antinucléaires. Ces derniers dénoncent un retour en arrière et une remise en cause de la volonté populaire exprimée lors du référendum de 2017 sur la sortie progressive de l’atome.

Ce scrutin historique avait acté l’abandon par étapes du nucléaire, avec l’interdiction de construire de nouveaux réacteurs et l’arrêt progressif des centrales existantes. Une décision prise dans le sillage de la catastrophe de Fukushima au Japon en 2011, qui avait relancé le débat sur les risques de cette énergie.

La sortie du nucléaire est un choix de société qui a été tranché démocratiquement il y a 6 ans à peine. Tout retour en arrière serait un déni de démocratie.

Delphine Klopfenstein Broggini, députée écologiste au Conseil national

Les renouvelables, une priorité réaffirmée malgré tout

Face aux critiques, le gouvernement se veut rassurant et affirme que le développement des énergies renouvelables « reste prioritaire ». Il s’agirait avant tout d’un « filet de sécurité » en cas d’insuffisance des autres moyens de production bas carbone pour couvrir les besoins.

La Suisse exploite actuellement 4 centrales nucléaires vieillissantes, qui assurent un peu moins d’un tiers de sa production électrique :

  • Beznau 1, la plus ancienne du monde encore en activité, mise en service en 1969
  • Beznau 2, raccordée au réseau en 1971
  • Gösgen, opérationnelle depuis 1979
  • Leibstadt, active depuis 1984

Selon le calendrier prévu par la loi votée en 2017, Beznau 2 sera la première à fermer en 2032, suivie de Beznau 1 en 2033. Les deux autres devraient cesser de fonctionner dans les années suivantes.

Même si le projet actuel aboutit, toute nouvelle centrale ne pourrait pas entrer en service avant de longues années, étant donné les délais de planification et de construction. Le nucléaire ne constituera donc pas une solution miracle à court terme pour répondre aux défis énergétiques auxquels la Suisse est confrontée.

La consultation est lancée

Le gouvernement a annoncé l’ouverture d’une consultation auprès des différentes parties prenantes – cantons, partis politiques, partenaires sociaux, etc. – afin de recueillir leur avis sur ce projet controversé de réintroduction de l’option nucléaire. Les mois à venir s’annoncent donc animés sur le plan politique, avec des débats passionnés en perspective.

Quelles que soient les suites données à cette proposition, elle illustre la complexité croissante des choix énergétiques auxquels la Suisse, comme de nombreux pays, est confrontée dans un contexte de lutte contre le réchauffement climatique et de tensions géopolitiques. Concilier sécurité d’approvisionnement, réduction des émissions de gaz à effet de serre et acceptabilité sociale s’avère un véritable casse-tête pour les décideurs.

En relançant le débat sur le nucléaire, le Conseil fédéral prend le risque de rouvrir une boîte de Pandore. Mais il estime sans doute qu’il est de sa responsabilité d’explorer toutes les pistes pour répondre au défi existentiel que constitue la transition énergétique. Reste à voir si le peuple suisse sera prêt à revoir sa position sur l’atome, à peine quelques années après avoir voté son abandon. Une chose est sûre, le débat promet d’être animé.

Le Conseil fédéral souligne que « la pénurie d’électricité que l’Europe a craint en 2022 et 2023 a montré le risque que représente la dépendance de la Suisse vis-à-vis des importations d’électricité en hiver ». Une dépendance particulièrement problématique sachant que près de 30% de l’électricité du pays est actuellement d’origine nucléaire.

Une proposition qui divise

Si ce projet est salué par certains, à l’image des libéraux-radicaux et de l’Association des entreprises électriques suisses, il suscite une vive opposition à gauche de l’échiquier politique ainsi que parmi les organisations écologistes et antinucléaires. Ces derniers dénoncent un retour en arrière et une remise en cause de la volonté populaire exprimée lors du référendum de 2017 sur la sortie progressive de l’atome.

Ce scrutin historique avait acté l’abandon par étapes du nucléaire, avec l’interdiction de construire de nouveaux réacteurs et l’arrêt progressif des centrales existantes. Une décision prise dans le sillage de la catastrophe de Fukushima au Japon en 2011, qui avait relancé le débat sur les risques de cette énergie.

La sortie du nucléaire est un choix de société qui a été tranché démocratiquement il y a 6 ans à peine. Tout retour en arrière serait un déni de démocratie.

Delphine Klopfenstein Broggini, députée écologiste au Conseil national

Les renouvelables, une priorité réaffirmée malgré tout

Face aux critiques, le gouvernement se veut rassurant et affirme que le développement des énergies renouvelables « reste prioritaire ». Il s’agirait avant tout d’un « filet de sécurité » en cas d’insuffisance des autres moyens de production bas carbone pour couvrir les besoins.

La Suisse exploite actuellement 4 centrales nucléaires vieillissantes, qui assurent un peu moins d’un tiers de sa production électrique :

  • Beznau 1, la plus ancienne du monde encore en activité, mise en service en 1969
  • Beznau 2, raccordée au réseau en 1971
  • Gösgen, opérationnelle depuis 1979
  • Leibstadt, active depuis 1984

Selon le calendrier prévu par la loi votée en 2017, Beznau 2 sera la première à fermer en 2032, suivie de Beznau 1 en 2033. Les deux autres devraient cesser de fonctionner dans les années suivantes.

Même si le projet actuel aboutit, toute nouvelle centrale ne pourrait pas entrer en service avant de longues années, étant donné les délais de planification et de construction. Le nucléaire ne constituera donc pas une solution miracle à court terme pour répondre aux défis énergétiques auxquels la Suisse est confrontée.

La consultation est lancée

Le gouvernement a annoncé l’ouverture d’une consultation auprès des différentes parties prenantes – cantons, partis politiques, partenaires sociaux, etc. – afin de recueillir leur avis sur ce projet controversé de réintroduction de l’option nucléaire. Les mois à venir s’annoncent donc animés sur le plan politique, avec des débats passionnés en perspective.

Quelles que soient les suites données à cette proposition, elle illustre la complexité croissante des choix énergétiques auxquels la Suisse, comme de nombreux pays, est confrontée dans un contexte de lutte contre le réchauffement climatique et de tensions géopolitiques. Concilier sécurité d’approvisionnement, réduction des émissions de gaz à effet de serre et acceptabilité sociale s’avère un véritable casse-tête pour les décideurs.

En relançant le débat sur le nucléaire, le Conseil fédéral prend le risque de rouvrir une boîte de Pandore. Mais il estime sans doute qu’il est de sa responsabilité d’explorer toutes les pistes pour répondre au défi existentiel que constitue la transition énergétique. Reste à voir si le peuple suisse sera prêt à revoir sa position sur l’atome, à peine quelques années après avoir voté son abandon. Une chose est sûre, le débat promet d’être animé.

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