Le conflit israélo-palestinien connaît un nouveau rebondissement diplomatique. Suite au vote par le parlement israélien de lois interdisant les activités de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) en Israël et à Jérusalem-Est, la Suède a décidé de réduire drastiquement son aide financière à l’organisation onusienne. Une décision politique lourde de conséquences humanitaires pour les millions de réfugiés palestiniens dépendant de l’UNRWA.
L’UNRWA dans la tourmente
Fondée en 1949, l’UNRWA fournit une assistance vitale à près de 6 millions de réfugiés palestiniens à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Jordanie et en Syrie. Éducation, soins de santé, aide alimentaire… Ses programmes sont essentiels pour cette population vulnérable.
Mais l’organisation fait face à une hostilité croissante des autorités israéliennes, qui l’accusent de perpétuer le problème des réfugiés. Tensions exacerbées depuis la guerre dévastatrice à Gaza en octobre 2023 :
Cette attaque a causé la mort de 1.208 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte AFP basé sur les chiffres officiels israéliens.
En représailles, l’offensive israélienne a tué plus de 45.000 Gazaouis, là encore principalement des civils d’après l’ONU. Un lourd bilan humain ravivant les critiques contre l’UNRWA, accusée de partialité.
Coup de tonnerre à la Knesset
Dans ce contexte tendu, les députés israéliens ont adopté en août des lois interdisant à l’UNRWA d’opérer en Israël et à Jérusalem-Est. Une décision perçue comme une tentative de forcer l’agence onusienne au départ. D’autres organisations humanitaires pourraient être visées.
Ces lois controversées ont été vivement critiquées par la Suède, important bailleur de l’UNRWA. Stockholm craint qu’elles ne rendent « de nombreuses activités de l’UNRWA plus difficiles, voire impossibles », selon Benjamin Dousa, ministre suédois du Développement international.
La réponse suédoise : moins pour l’UNRWA, plus pour Gaza
Conséquence directe, le gouvernement suédois a annoncé vendredi réduire son aide à l’UNRWA, qui devait atteindre 451 millions de couronnes en 2024 (environ 40 millions d’euros). Une décision justifiée par le blocage probable des fonds suite aux lois israéliennes :
L’aide suédoise doit parvenir à destination, et non pas rester bloquée dans un compte en banque. La décision de la Knesset nous contraint donc à rediriger ces fonds vers d’autres organisations.
Benjamin Dousa, ministre suédois du Développement international
Le PAM et l’UNICEF devraient ainsi bénéficier des fonds retirés à l’UNRWA. Parallèlement, la Suède a annoncé doubler son aide à Gaza, la portant à 800 millions de couronnes (72 millions d’euros). Un soutien direct à la population de l’enclave palestinienne, durement éprouvée par les conflits et le blocus israélien.
L’UNRWA jugée peu fiable
Au-delà de l’obstacle des lois israéliennes, l’UNRWA traverse « également une crise de confiance » selon le ministre Dousa. L’organisation est régulièrement épinglée pour des dysfonctionnements internes, accusations d’antisémitisme ou encore proximité avec le Hamas. Des griefs qui entament sa crédibilité aux yeux de certains donateurs.
Pour les observateurs, la réduction de l’aide suédoise est donc aussi une sanction face à ces problèmes de gouvernance. Et un signal d’alarme pour l’UNRWA, dont le budget dépend à 90% des contributions volontaires des États.
Quel avenir pour les réfugiés palestiniens ?
Privée d’une partie de ses financements, et menacée d’expulsion par Israël, l’UNRWA navigue en eaux troubles. Une situation périlleuse pour les millions de réfugiés palestiniens qui en dépendent :
- Fermeture redoutée d’écoles et de centres de santé
- Aide alimentaire réduite
- Programmes d’aide à l’emploi suspendus
- Droits et protection des réfugiés fragilisés
Sans amélioration rapide de sa gouvernance et de ses relations avec Israël, l’agence pourrait perdre encore d’autres soutiens. Une véritable bombe à retardement humanitaire pour une population déjà au bord du gouffre.
L’avenir des réfugiés palestiniens semble aujourd’hui plus incertain que jamais. Et la réduction de l’aide suédoise à l’UNRWA, un nouveau revers dans leur quête de dignité et de droit au retour. Le chemin de la paix au Proche-Orient reste décidément bien tortueux.