Qui aurait cru que les pays les plus boisés d’Europe, véritables poumons verts du continent, feraient l’objet de vives critiques quant à leur gestion forestière ? C’est pourtant le constat alarmant que dresse le WWF dans son dernier rapport. La Suède et la Finlande, malgré leur image de champions de l’écologie, sont montrées du doigt pour leur exploitation jugée excessive de ces écosystèmes précieux.
Des forêts primaires menacées par l’abattage
Loin des clichés de nature intacte, les forêts scandinaves subissent en réalité une pression constante. Selon l’organisation environnementale, des milliers d’hectares de forêts à haute valeur écologique disparaissent chaque année sous les tronçonneuses, au mépris de leur rôle crucial pour la biodiversité et la stabilité climatique. Un paradoxe d’autant plus frappant que la Suède et la Finlande sont signataires d’engagements européens stricts en matière de protection des espaces naturels.
Des failles juridiques permettent à ces pays d’abattre des arbres dans des zones normalement protégées par la réglementation de l’UE.
– Le WWF
Au cœur du problème, la définition même de ce qui constitue une forêt « ancienne » ou « primaire ». Là où l’Union Européenne pose des critères stricts, la Suède jongle avec pas moins de trois définitions différentes, tandis que la Finlande plaide pour une vision plus restrictive des zones à préserver. Un flou artistique qui, selon les défenseurs de l’environnement, ouvre la voie à une surexploitation.
L’industrie du bois, pilier économique et source de dilemmes
Mais les propriétaires forestiers, eux, se défendent de tout abus. Rappelant le poids considérable de la filière bois dans l’économie scandinave (jusqu’à 12% des emplois en Suède !), ils soulignent la nécessité de répondre à une demande sociétale croissante. Bois de construction, papier, biomasse… autant de besoins qui justifieraient une sylviculture dynamique, présentée comme une alternative vertueuse aux matériaux polluants.
Personne ne coupe des arbres juste pour le plaisir. C’est un dilemme constant entre l’accès à cette ressource renouvelable et la préservation de la biodiversité.
– Magnus Kindbom, Fédération nationale des agriculteurs
Vers une meilleure conciliation des enjeux ?
Face à cette situation complexe, le WWF appelle la Suède à relever ses ambitions. Au programme : davantage de zones protégées, un moratoire sur l’abattage dans certaines régions, et une cartographie précise des forêts à haute valeur écologique. Des mesures fortes qui permettraient au pays de se mettre en conformité avec le plan européen de restauration de la nature, qui vise à retrouver d’ici 2030 l’état des écosystèmes des années 1950.
Mais le chemin s’annonce semé d’embûches. Car depuis cette date référence, le visage des forêts suédoises a profondément changé sous l’effet d’une exploitation intensive. Selon les experts, seule une infime partie des surfaces boisées peut encore être qualifiée de « forêt ancienne », abritant une biodiversité unique. Un constat qui souligne l’urgence d’agir pour préserver ce qui peut encore l’être.
L’avenir dira si la Suède et la Finlande sauront trouver le subtil équilibre entre exploitation raisonnée et protection ambitieuse de leurs forêts, véritables joyaux écologiques. Une chose est sûre : dans ce débat aux enjeux multiples, l’Europe et les défenseurs de l’environnement entendent bien peser de tout leur poids pour faire pencher la balance du bon côté. Car derrière la question de la gestion forestière, c’est bien notre capacité à préserver la nature face aux impératifs économiques qui se joue.