L’enquête sur la mystérieuse rupture de câbles sous-marins en mer Baltique prend une tournure internationale. Les autorités suédoises ont officiellement demandé à la Chine de coopérer pour faire la lumière sur le rôle d’un cargo chinois suspecté d’être impliqué dans cet incident qui s’apparente à un acte de sabotage.
La Suède exige des explications de la Chine
Jeudi 28 novembre, le premier ministre suédois Ulf Kristersson a annoncé lors d’une conférence de presse avoir adressé une demande formelle à la Chine. Stockholm souhaite que Pékin coopère avec les autorités suédoises afin de « clarifier ce qu’il s’est passé » et déterminer l’implication éventuelle d’un navire chinois dans la rupture de deux câbles sous-marins survenue les 17 et 18 novembre.
Le cargo en question, le Yi Peng 3, est actuellement immobilisé dans les eaux internationales près des côtes danoises. Selon des sites de suivi des navires, il aurait navigué dans la zone des câbles à peu près au moment où ils ont été sectionnés. Pour l’heure, rien ne l’incrimine formellement, mais la Suède veut en avoir le cœur net.
Stockholm veut que le cargo rejoigne ses eaux territoriales
Ulf Kristersson a exprimé la « volonté très claire » de la Suède de voir le Yi Peng 3 rejoindre ses eaux territoriales afin de contribuer à l’enquête. « Il ne s’agit toujours pas d’une accusation, mais nous attendons de la part de la Chine qu’elle se conforme à cette demande », a-t-il insisté. Un appel direct et solennel qui montre l’importance de l’affaire aux yeux de Stockholm.
Construit en 2001, le vraquier Yi Peng 3 est actuellement sous surveillance de la marine danoise et des gardes-côtes suédois dans le détroit de Kattegat entre la Suède et le Danemark. Son équipage n’a pour l’instant pas répondu aux demandes des autorités.
La Chine rejette les soupçons et appelle à ne pas « exagérer »
De son côté, la diplomatie chinoise a rejeté dès la semaine passée les soupçons visant le Yi Peng 3, affirmant avoir « toujours rempli pleinement ses obligations en tant qu’État du pavillon ». Pékin assure « exiger des navires chinois qu’ils respectent scrupuleusement les lois et les réglementations en vigueur ». Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a même appelé à ne pas « exagérer » la situation.
Mais ces déclarations n’ont pas convaincu la Suède qui veut tirer cette affaire au clair. Stockholm a ouvert une enquête pour sabotage et entend bien explorer toutes les pistes, y compris celle d’une possible implication chinoise.
Une enquête internationale se met en place
L’incident a pris une dimension internationale avec l’ouverture d’enquêtes par plusieurs pays de la région. La Finlande a lancé des investigations pour « dommages criminels aggravés » concernant l’avarie du câble germano-finlandais.
De son côté, la Lituanie a annoncé la mise en place d’une équipe d’enquête conjointe avec la Suède et la Finlande, coordonnée par Eurojust, l’agence de coopération judiciaire de l’Union européenne. Une coopération rare qui montre l’importance accordée à cette affaire par les pays riverains de la mer Baltique.
Des infrastructures critiques ciblées ?
Au-delà du rôle éventuel de la Chine, c’est la vulnérabilité des infrastructures sous-marines critiques qui est pointée du doigt. Ces câbles, par lesquels transite une grande partie des télécommunications mondiales, apparaissent comme des cibles de choix pour qui voudrait perturber les échanges internationaux.
Selon des experts, un acte de sabotage délibéré ne peut être exclu au vu du contexte géopolitique tendu dans la région. Les regards se tournent notamment vers la Russie, souvent soupçonnée de mener des actions de déstabilisation.
L’enquête sur les câbles de la Baltique illustre les nouveaux défis sécuritaires auxquels sont confrontés les États dans un monde interconnecté. Alors que le danger peut venir des profondeurs, la coopération internationale apparaît plus que jamais nécessaire pour protéger ces infrastructures vitales mais fragiles.