Alors que les consommateurs français pensaient avoir tout vu avec la réduflation et la cheapflation, une nouvelle technique insidieuse fait son apparition dans les rayons de nos supermarchés : la stretchflation. Cette pratique, dont le nom est la contraction des mots anglais “stretch” (étirer) et “inflation”, permet aux industriels d’augmenter leurs prix en toute discrétion, vidant subrepticement le porte-monnaie des ménages.
La Stretchflation, un Phénomène Difficile à Détecter pour le Consommateur
Face à la hausse du coût des matières premières, certains industriels ont trouvé une parade pour préserver leurs marges sans effrayer le chaland : augmenter le poids de leurs produits tout en appliquant une hausse de prix encore plus conséquente. Une technique légale mais peu transparente qui rend la comparaison des prix au kilo particulièrement ardue pour le consommateur.
Des Exemples Édifiants dans les Rayons
Le spécialiste de la grande distribution Olivier Dauvers a ainsi épinglé des boîtes de quatre “Bun’s” de la marque McCain. Auparavant vendue 2,93€ pour 400g (soit 7,33€/kg), leur contenance est subitement passée à 460g pour 3,99€, faisant grimper le prix au kilo à 8,67€. Chez Belin, les célèbres crackers Monaco à l’emmental ont vu leur format passer de 100g à 110g (+10%) tandis que leur tarif bondissait de 1€ à 1,29€, soit une inflation de 29% !
La mention “Encore + de crackers Nouveau Format” n’a visiblement pour objectif que de détourner l’attention du client : tant du poids que du prix.
– Olivier Dauvers, spécialiste de la grande distribution
Une Pratique qui Prospère sur la Confusion des Consommateurs
Si les industriels se défendent en invoquant la liberté des distributeurs de fixer leurs prix de vente, force est de constater que ces derniers ont tout intérêt à entretenir un certain flou pour préserver leurs marges. Et tant pis si le consommateur n’y voit que du feu, noyé sous les allégations marketing du type “Nouveau format”, “Encore plus généreux” ou “Maxi format”.
Le Gouvernement Va-t-il Réagir ?
Face à ce phénomène qui grève insidieusement le budget des ménages, les pouvoirs publics pourraient être tentés de durcir la réglementation. Après avoir imposé l’affichage des produits ayant fait l’objet d’une réduflation depuis le 1er juillet, l’exécutif pourrait exiger une plus grande transparence sur les stratégies de stretchflation. Une perspective qui risque de raviver les tensions entre industriels et distributeurs.
En attendant une éventuelle réaction des autorités, les consommateurs sont plus que jamais invités à redoubler de vigilance lors de leurs emplettes. Comparer les prix au litre ou au kilo, traquer les éventuelles manipulations des packagings, se tourner vers des produits bruts non transformés… Autant de réflexes à adopter pour déjouer les pièges de la stretchflation et préserver son pouvoir d’achat dans un contexte économique tendu.
