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La Stratégie De Michelin Pour Rester Compétitif Face Aux Défis Mondiaux

Le géant Michelin fait face à de nombreux défis : concurrence des pneus asiatiques, hausse des coûts, nécessité de fermer des usines en France. Son PDG dévoile au Sénat la stratégie pour rester dans la course...

Le paysage de l’industrie automobile mondiale est en pleine mutation, et les équipementiers historiques comme Michelin doivent s’adapter pour rester dans la course. C’est le message qu’a fait passer Florent Menegaux, PDG du géant français du pneumatique, lors de son audition devant la commission des affaires économiques du Sénat le 22 janvier dernier.

Une concurrence asiatique féroce sur les prix

Le premier défi auquel Michelin doit faire face, c’est l’arrivée massive sur le marché de pneus à bas coûts fabriqués en Asie, et notamment en Chine. Selon Florent Menegaux, il est devenu globalement « deux fois plus cher » de produire des pneus en Europe qu’en Asie depuis 2019, en raison de la hausse des coûts de l’énergie et des salaires. Une situation qui rend très difficile pour Michelin d’exporter sa production européenne.

On a une hyper-concurrence, des surcapacités massives dans les usines.

Florent Menegaux, PDG de Michelin

Montée en gamme et robotisation

Pour garder un outil industriel compétitif en Europe, Michelin mise sur deux leviers principaux :

  • Un recentrage sur le haut de gamme et les pneus à forte valeur ajoutée
  • Des investissements massifs dans la robotisation et la modernisation des usines

L’objectif est d’avoir un appareil productif européen resserré mais ultra-performant, capable de rivaliser avec la concurrence asiatique malgré des coûts plus élevés. « Pour maintenir notre outil industriel en Europe, il faut qu’on ait un outil ramassé, hyper productif », insiste le dirigeant.

Fermetures d’usines en France

Cette stratégie de compétitivité passe malheureusement par la fermeture de certains sites en France. Michelin a ainsi annoncé la cessation d’activité d’ici fin 2024 de ses usines de Vannes et Cholet, ce qui concerne 1254 salariés. Une décision douloureuse mais jugée nécessaire face aux réalités économiques.

L’usine de Vannes, spécialisée dans les renforts métalliques des pneus poids lourd, un marché en crise, a été sacrifiée au profit de celle de Golbey dans les Vosges. Pourquoi ? Florent Menegaux souligne que malgré les excellentes performances de Vannes, « le bassin d’emploi du Morbihan était beaucoup plus actif et dynamique » pour retrouver du travail.

Des activités déficitaires en France

Cette restructuration industrielle intervient dans un contexte où, comme le reconnaît sans détour le patron de Michelin, « nos activités de production en France perdent de l’argent ». Un constat notamment lié à la pression de nouveaux concurrents agressifs venus des pays émergents.

Florent Menegaux cite l’exemple de l’usine de pneus agricoles de Troyes, mise en difficulté par « un concurrent indien qui produit en Inde et exporte massivement en France » alors même que l’Inde a interdit les importations de pneus. Une concurrence jugée déloyale contre laquelle il appelle les pouvoirs publics européens à agir.

Michelin garde des atouts en Europe

Malgré ce contexte délicat, le PDG de Michelin veut croire que le groupe a encore de beaux jours devant lui sur le Vieux Continent. D’abord parce que Michelin y conserve son siège social et de nombreuses activités stratégiques comme la recherche.

La France a des atouts formidables : une infrastructure remarquable, une électricité décarbonée d’ampleur, un peu trop chère mais disponible, des personnes bien formées, un tissu industriel préexistant.

Florent Menegaux, PDG de Michelin

Mais pour continuer à investir, il souligne que l’industrie a besoin en Europe de « stabilité réglementaire, fiscale, environnementale ». Un appel du pied aux gouvernements pour qu’ils mettent en place un cadre favorable aux entreprises, seul à même de préserver l’emploi et les usines sur le long terme.

En définitive, la stratégie de Michelin pour garder son leadership mondial malgré les défis auxquels le groupe est confronté tient en trois mots, selon son PDG : spécialisation, robotisation, localisation. Un pari industriel ambitieux face à la lame de fond de la mondialisation et de la concurrence des pays à bas coûts, qui sera scruté de près dans les prochaines années.

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