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La Statue de Bronze du Controversé Evguéni Prigojine Dévoilée

La statue en bronze du sulfureux Evguéni Prigojine, ex-chef de Wagner mort dans un mystérieux crash d'avion, vient d'être inaugurée sur sa tombe à Saint-Pétersbourg. Retour sur le destin rocambolesque de cet homme qui a défié Poutine...

C’est une image qui en dit long sur le destin tumultueux d’Evguéni Prigojine. Samedi, une imposante statue en bronze représentant l’ancien chef du groupe paramilitaire Wagner a été dévoilée sur sa tombe à Saint-Pétersbourg, près d’un an après sa mort brutale dans un accident d’avion qui reste entouré de mystères. L’événement a attiré des dizaines de sympathisants de cet homme d’affaires sulfureux, certains habillés en tenue militaire et le visage masqué, venus rendre un dernier hommage à celui qui fut tour à tour un proche de Vladimir Poutine et son plus grand défi.

L’ascension fulgurante d’un homme controversé

Evguéni Prigojine, ancien vendeur de hot-dogs devenu millionnaire grâce à des contrats avec l’armée russe, avait fondé en 2014 le groupe Wagner. Cette armée privée, initialement chargée des basses œuvres du Kremlin en Afrique et au Moyen-Orient, s’est progressivement imposée comme un acteur incontournable du conflit ukrainien à partir de 2022. Mais cette ascension spectaculaire a aussi été marquée par de nombreuses controverses.

Evguéni Prigojine accusait le commandement de l’armée russe d’incompétence en Ukraine et de corruption, ainsi que de cacher à Vladimir Poutine la réalité du terrain.

Le Figaro

Critiquant ouvertement la stratégie militaire du Kremlin, Prigojine n’a pas hésité à défier frontalement Vladimir Poutine lors d’une mutinerie avortée en juin 2023. Pendant plusieurs heures, ses hommes ont pris le contrôle de bases militaires avant de rebrousser chemin. Un épisode inédit qui reste le moment le plus dangereux du règne de Poutine.

Une mort aussi soudaine que suspecte

Deux mois après cette mutinerie, Evguéni Prigojine trouvait la mort dans le crash de son avion privé, dans des circonstances plus que troubles. Si le Kremlin a nié toute implication, beaucoup y ont vu la main de Vladimir Poutine pour éliminer celui qui était devenu un rival trop encombrant. Le président russe avait lui-même rendu un hommage ambigu à Prigojine, évoquant un homme “talentueux” mais qui avait commis des “erreurs”.

Depuis, la mémoire de Prigojine reste vive auprès d’une partie des Russes, en particulier les va-t-en-guerre et les nostalgiques de l’empire. Des mémoriaux improvisés fleurissent à Moscou et ailleurs en son honneur et celui de Wagner. Et l’inauguration de sa statue ce samedi, jour où il aurait fêté ses 62 ans, montre que son ombre plane toujours sur la Russie de Poutine.

Un héritage complexe pour la Russie

La disparition brutale d’Evguéni Prigojine laisse de nombreuses questions en suspens. Quel avenir pour le groupe Wagner, dont de nombreux combattants ont depuis été intégrés à l’armée régulière ? Quelles révélations ses archives pourraient-elles encore faire surgir sur les liens entre le pouvoir et le milieu des mercenaires ? Et surtout, dans quelle mesure cet épisode fragilise-t-il Vladimir Poutine, qui a dû se résoudre à un remaniement en profondeur de la haute hiérarchie militaire ?

Une chose est sûre : même mort, Evguéni Prigojine continuera de hanter la Russie. Sa statue de bronze, dressée au milieu des vivants et des morts, en est le plus troublant symbole. Derrière son masque figé pour l’éternité, l’homme qui a fait vaciller Poutine semble nous fixer d’un regard ironique, comme s’il savait que son dernier coup d’éclat reste à venir.

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