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La Société des journalistes de France 3 signe un appel controversé

La signature par la SDJ de France 3 d'un appel médiatique anti-RN aux côtés de 90 médias déclenche une vive polémique. Cinq journalistes signataires sont sanctionnés par leur direction pour manquement à la neutralité. Le débat sur la liberté de la presse et l'engagement des médias s'enflamme.

L’appel de 90 médias, dont la Société des journalistes (SDJ) de France 3, à faire barrage au Rassemblement national (RN) enflamme la sphère médiatique française. Cette tribune, signée par des titres comme Mediapart ou L’Humanité, exhorte à un “front commun” contre l’extrême droite qui menacerait “la liberté de la presse”. Mais la participation de la SDJ de France 3 suscite une vive controverse, la direction de France Télévisions sanctionnant cinq journalistes signataires pour manquement à la neutralité.

Une tribune qui passe mal

Publiée le 20 juin, cette tribune intitulée “Sans presse libre, pas de démocratie” affirme que l’extrême droite, “dans sa stratégie de conquête du pouvoir, a fait des médias un terrain privilégié au service de son projet”. Les signataires dénoncent l’imposition dans le débat public de “fausses nouvelles” et “d’obsessions contraires aux droits fondamentaux”. Face à la menace du RN aux portes du pouvoir, ils appellent à “prendre toute notre part à l’indispensable rassemblement” pour “barrer la route” à l’extrême droite.

Mais la signature de cette tribune par cinq membres de la SDJ de France 3 rédaction nationale passe très mal auprès de la direction de France Télévisions. Dans un courrier, elle leur notifie que “cet appel au vote s’avère incompatible avec le traitement de la campagne électorale” et qu’il en va de “l’image d’impartialité des rédactions de France Télévisions”. Les cinq journalistes concernés sont mis en retrait jusqu’au 8 juillet, ne traitant plus de sujets liés à la campagne.

La SDJ nationale se désolidarise

De son côté, la SDJ de la rédaction nationale de France Télévisions, qui regroupe des journalistes de France 2 et France 3, a pris ses distances avec cet appel. Sur le réseau social X (ex-Twitter), elle indique ne pas avoir été sollicitée ni avoir signé cette tribune, précisant que selon la direction, la SDJ de France 3 n’est plus représentative depuis la fusion des rédactions.

La SDJ de la rédaction nationale de France Télévisions – qui regroupe des journalistes de France 2 et France 3, et est largement majoritaire – n’a pas signé cette tribune, pour laquelle nous avons été sollicités.

– SDJ France Télévisions Rédaction Nationale

Un débat sur la liberté de la presse

Au-delà du cas France Télévisions, cette polémique ravive le débat sur la liberté de la presse et le positionnement des médias face à la montée de l’extrême droite. Les signataires de la tribune alertent sur les menaces qui pèseraient sur l’indépendance des journalistes en cas de victoire du RN, évoquant privatisation de l’audiovisuel public, pressions, censure ou encore procédures bâillons.

Ils pointent aussi du doigt la responsabilité du gouvernement Macron dans la fragilisation des droits des journalistes, citant les atteintes au secret des sources, la loi sur la sécurité globale ou encore la concentration capitalistique des médias. Pour eux, la mobilisation de la société civile, dans la lignée du Front populaire de 1936, est la seule à même d’empêcher le RN d’accéder au pouvoir.

Neutralité contre engagement

Mais d’autres voient dans cet appel une atteinte à la neutralité journalistique, estimant que les médias ne doivent pas prendre parti, surtout à quelques jours d’une élection. C’est la position de la direction de France Télévisions qui réaffirme l’exigence d’impartialité pour ses rédactions, en particulier celles du service public.

Un débat qui interroge sur la délicate ligne de crête entre devoir de neutralité et impératif moral face à ce qui est perçu par certains comme un danger pour la démocratie. Avec en toile de fond, la question de l’indépendance des médias vis-à-vis des pressions politiques et économiques dans un paysage de plus en plus concentré. Une polémique qui ne fait que commencer.

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