En cette période d’élections législatives, les partis politiques rivalisent de créativité sur les réseaux sociaux pour capter l’attention des électeurs, en particulier des plus jeunes. Mais une tendance inquiétante émerge : la valorisation du charisme et de la séduction des candidats, au détriment du débat d’idées. Une stratégie qui pourrait influencer le vote de toute une génération.
TikTok, nouveau terrain de jeu de la séduction politique
Sur TikTok, réseau prisé des 15-25 ans, les comptes militants des différents partis se livrent une bataille sans merci à coup d’édits, des vidéos ultra-courtes mettant en scène les moments les plus “sexy” ou amusants de leurs élus. L’objectif ? Attirer l’attention et provoquer le fameux “coup de cœur”, qui pourrait se transformer en bulletin dans l’urne.
Un seul TikTok, où l’élu est sexy, peut changer un vote.
– Gabriel, militant de gauche
Cette approche, bien que redoutablement efficace, pose question. En réduisant le débat politique à une succession de moments “feel good”, ne risque-t-on pas de passer à côté de l’essentiel ?
Quand le fond s’efface derrière la forme
À force de privilégier l’image et l’émotion, ces contenus TikTok tendent à gommer les divergences idéologiques entre les candidats. Exit les grands débats de société et les programmes politiques, place au charisme, à la répartie, à la capacité à créer le buzz. Une dérive qui risque de transformer l’élection en concours de popularité.
- Les partis se livrent une guerre de l’image et du buzz sur les réseaux
- Le fond du débat passe au second plan derrière la forme séduisante
- Le risque : une élection réduite à un concours de popularité
Certains défendent cette stratégie, arguant qu’elle permet de “parler aux jeunes dans leur langue”. Mais n’est-ce pas les infantiliser que de penser qu’ils ne s’intéressent qu’aux apparences ?
Redonner sa place au débat d’idées
Pour éviter le piège de la politique spectacle, il est urgent de rééquilibrer communication numérique et débat de fond. Les partis doivent certes continuer à innover sur les réseaux sociaux, mais sans sacrifier ce qui fait la richesse de notre démocratie : la confrontation des idées et des projets.
Les réseaux sociaux sont un formidable outil pour intéresser les jeunes à la politique. Mais ils ne doivent pas devenir l’alpha et l’oméga du débat.
– Marie, politologue
Quelques pistes pour y parvenir :
- Organiser des débats numériques interactifs entre candidats
- Valoriser les prises de position sur les grands sujets de société
- Proposer des contenus pédagogiques décryptant les programmes
L’enjeu est de taille. Car une démocratie où l’on vote pour le plus charmant plutôt que pour le plus convaincant, est une démocratie fragile. À nous tous, citoyens, médias, politiques, de veiller à ce que la séduction ne prenne pas le pas sur la réflexion.