Le rugby, sport de contact par excellence, se retrouve une nouvelle fois confronté à la problématique épineuse de la sécurité des joueurs. Dernièrement, c’est Antoine Dupont, demi de mêlée vedette du XV de France et du Stade Toulousain, qui a sonné l’alerte. Préoccupé par ce qu’il a vu lors d’une rencontre entre son équipe et le Stade Rochelais, le numéro 9 s’est fendu d’un message fort sur les réseaux sociaux, pointant du doigt « la protection de l’intégrité physique des joueurs ».
Quand les stars s’en mêlent
Le cri d’alarme d’Antoine Dupont n’est pas anodin. Quand un joueur de son calibre, élu meilleur joueur du monde en 2021, prend la parole sur un tel sujet, le monde du rugby est contraint de tendre l’oreille. Dans son message, publié dans sa story Instagram après le match de Top 14 entre le Stade Toulousain et La Rochelle, il évoque plusieurs actions litigieuses, non sanctionnées à la hauteur de leur dangerosité par le corps arbitral.
En premier lieu, une charge à l’épaule du pilier rochelais Reda Wardi sur le jeune Toulousain Valentin Delpy, passée inaperçue aux yeux des officiels. Mais surtout un déblayage au ras d’un regroupement de l’Australien Tolu Latu, sanctionné d’un simple carton jaune malgré la violence du geste sur les membres inférieurs du demi de mêlée remplaçant Pierre Daroque.
Le spectre des blessures graves
Des gestes qui peuvent avoir des conséquences dramatiques sur l’intégrité physique des joueurs. On se souvient tous de la blessure du troisième ligne international Charles Ollivon, victime d’une rupture des ligaments croisés après un plaquage non maîtrisé. Ou encore de la commotion cérébrale subie par l’ailier toulousain Yoann Huget en 2018 après un choc tête contre tête.
Au-delà des exemples frappants, c’est toute une discipline qui s’interroge sur les risques du métier. Les études scientifiques alertent régulièrement sur les potentielles séquelles neurologiques liées aux commotions répétées. Sans parler des blessures articulaires et musculaires qui mettent en péril les carrières des joueurs.
Le rôle crucial de l’arbitrage
Face à ces enjeux de santé publique, le rôle des arbitres apparaît primordial. Garants de l’application des règles et de l’équité sur le terrain, ils ont également la lourde responsabilité d’assurer la sécurité des 30 acteurs en présence. Un exercice périlleux dans le feu de l’action, qui nécessite d’avoir l’œil partout et de prendre des décisions en une fraction de seconde.
Les arbitres doivent être intransigeants avec ces gestes dangereux et délibérés. Il ne faut pas attendre la blessure d’un adversaire pour sanctionner.
– Un fan de rugby sur Twitter
Antoine Dupont lui-même avait déjà interpellé le corps arbitral en décembre dernier, après avoir subi plusieurs plaquages à retardement non sanctionnés lors d’un match européen à Exeter. « Je ne comprends pas pourquoi ce n’est pas davantage pénalisé », s’était agacé le demi de mêlée international.
L’heure d’une prise de conscience collective ?
Au-delà des arbitres, c’est tout l’écosystème du rugby qui semble devoir se remettre en question pour préserver la santé de ses pratiquants. Une prise de conscience que certaines instances, comme World Rugby, tentent d’impulser à travers des évolutions réglementaires. On pense notamment à l’abaissement de la ligne de plaquage ou aux récentes modifications du protocole commotion.
Mais les bonnes volontés ne pourront se concrétiser sans une réelle adhésion du monde amateur et professionnel. Clubs, staffs, joueurs, arbitres, chacun doit prendre ses responsabilités pour assurer un avenir durable au rugby. Car comme le martèle Antoine Dupont, la priorité doit rester « la protection de l’intégrité physique ». Un défi de taille pour un sport qui ne peut renier sa dimension physique et ses valeurs de combat, mais qui doit impérativement s’adapter pour protéger celles et ceux qui l’incarnent au quotidien sur les terrains.
