C’est un véritable séisme qui secoue actuellement le Guatemala. La secte juive ultra-orthodoxe Lev Thaor exige le retour immédiat des 160 enfants exfiltrés il y a quelques jours d’une de leurs propriétés par les autorités. Ces dernières ont agi sur la base de graves soupçons de maltraitance, allant de grossesses forcées à des viols, en passant par la découverte des ossements présumés d’un mineur sur place.
Des familles mobilisées pour récupérer leurs enfants
Face à cette situation, une centaine de membres de Lev Thaor se sont rassemblés dimanche devant le centre où les enfants sont pris en charge, sous haute surveillance policière. Uriel Goldman, représentant des familles, a déclaré vouloir que les autorités « les laissent sortir d’ici », qualifiant les accusations de « fausses dénonciations » visant selon lui à « détruire la communauté ».
Une secte controversée implantée depuis des années
Fondée dans les années 80, la secte Lev Thaor (« Cœur pur » en hébreu) pratique une forme ultra-orthodoxe du judaïsme. Les femmes doivent notamment porter des tuniques noires les recouvrant intégralement. Arrivé au Guatemala en 2013, le groupe s’était déjà fait expulser d’un village en 2014 suite à des différends avec les habitants.
En 2016, il s’installe finalement à Oratorio, après plusieurs raids policiers contre ses immeubles à la demande d’Israël qui recherchait une mineure disparue. C’est de cette propriété qu’ont été exfiltrés les 160 enfants la semaine dernière.
Une intervention motivée par de lourds soupçons
D’après le procureur Dimas Jiménez, cette opération visait à mettre un terme à de potentiels faits de « traite d’êtres humains » au sein de la secte :
Sous forme de grossesses forcées, de maltraitance d’enfants et de viol.
Dimas Jiménez, procureur
Au-delà de ces accusations déjà graves, les enquêteurs auraient également mis la main sur ce qui semble être les ossements d’un mineur sur place. De quoi justifier pleinement la mise à l’abri immédiate des enfants du groupe.
Les autorités face à un délicat dilemme
Alors que l’enquête se poursuit pour faire la lumière sur ces soupçons de maltraitance, les autorités guatémaltèques se retrouvent face à un dilemme épineux. Comment concilier la potentielle nécessité de protéger ces mineurs avec le droit des parents de vivre avec leurs enfants ?
Il s’agira dans les prochains jours de déterminer si les conditions sont réunies pour maintenir les enfants éloignés de la communauté Lev Thaor ou s’il est possible d’envisager progressivement leur retour. Une décision lourde de conséquences qui sera scrutée de près.
Un précédent inquiétant
Ce n’est malheureusement pas la première fois qu’une communauté religieuse isolée est soupçonnée de graves dérives. On se souvient notamment de la secte « Les Enfants de Dieu » qui avait défrayé la chronique dans les années 90 pour des faits similaires de maltraitance et d’abus sexuels sur mineurs.
Plus récemment en France, le démantèlement de la communauté « Tabitha’s Place » en 2018 avait aussi permis de mettre à l’abri des enfants victimes de violences physiques et de privations. Autant d’exemples qui montrent l’importance d’une vigilance de tous les instants.
Les réactions indignées se multiplient
Face à cette affaire, les condamnations pleuvent de toutes parts. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes expriment leur colère et leur incompréhension devant de tels actes commis contre des enfants sans défense.
Des personnalités publiques et des associations de protection de l’enfance ont également fait part de leur indignation, appelant la justice à faire preuve de la plus grande fermeté si les faits venaient à être confirmés. Une mobilisation à la mesure du choc provoqué par ces révélations.
Un combat de longue haleine
Au-delà du cas particulier de Lev Thaor, cette affaire rappelle l’urgence de renforcer partout la prévention de la maltraitance infantile. Un fléau qui ne connaît hélas pas de frontières et s’immisce jusque dans des communautés a priori insoupçonnables.
Cela passe par une meilleure formation des professionnels au contact des enfants, des campagnes de sensibilisation à destination du grand public mais aussi un travail d’enquête et de surveillance accru des groupes susceptibles de dérives sectaires. Un vaste chantier dans lequel toute la société a un rôle à jouer pour protéger ses membres les plus vulnérables.
Les prochaines étapes cruciales
Tous les regards sont désormais braqués sur l’avancée de l’enquête concernant la secte Lev Thaor. Les interrogatoires des adultes et des enfants vont se poursuivre pour tenter de faire toute la lumière sur ce qui se passait réellement derrière les murs de la propriété d’Oratorio.
En parallèle, les expertises médico-légales des ossements retrouvés seront déterminantes pour confirmer ou non la thèse du décès d’un mineur. Autant d’éléments qui pèseront lourd dans la suite judiciaire de ce dossier complexe et potentiellement explosif.
Une chose est sûre : cette affaire ne manquera pas de relancer le débat sur le contrôle des groupes sectaires et la protection des personnes vulnérables qui y sont embrigadées, parfois dès le plus jeune âge. Un sujet de société majeur qui nous concerne tous et appelle une réponse ferme et déterminée des pouvoirs publics.