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La Russie relève son taux directeur à 18% face à l’inflation galopante

La Banque centrale russe a brutalement relevé son taux directeur à 18% pour contrer l'inflation record. Quelles en seront les répercussions sur l'économie du pays ? Analyse d'une décision lourde de conséquences...

Vendredi 26 juillet 2024, la Banque centrale russe (BCR) a annoncé un relèvement brutal de son taux directeur, le faisant passer de 16% à 18%. Une décision choc visant à endiguer l’inflation galopante qui frappe le pays, atteignant des niveaux records depuis le début de l’année. Quelles sont les raisons derrière ce coup de frein monétaire? Et quelles pourraient en être les conséquences pour l’économie russe déjà mise à mal ?

Les raisons d’un relèvement brutal du taux directeur

Plusieurs facteurs expliquent cette décision de la BCR. Tout d’abord, l’inflation a atteint 8,59% en juin sur un an, un niveau jamais vu depuis février 2023 et largement supérieur à l’objectif officiel de 4% des autorités. En cause notamment : l’explosion des dépenses publiques, et en particulier militaires, pour financer l’effort de guerre en Ukraine. Mais aussi des déficits de main-d’œuvre dans de nombreux secteurs, alimentant une spirale prix-salaires inflationniste.

L’inflation s’est accélérée et dépasse nettement les prévisions faites en avril par la BCR (…) Pour que l’inflation baisse à nouveau, il faut que la politique monétaire soit encore resserrée.

– Communiqué de la BCR

Des prévisions d’inflation en forte hausse pour 2024

Face à cette situation, la BCR a dû considérablement revoir à la hausse ses prévisions d’inflation. Elle table désormais sur une hausse des prix comprise entre 6,5% et 7,0% pour l’année 2024, bien au-delà de ses anticipations du mois d’avril. Un changement de ton qui ne laisse présager rien de bon pour les ménages russes, déjà confrontés à une érosion de leur pouvoir d’achat.

Les sanctions occidentales compliquent les paiements internationaux

Autre préoccupation pour la BCR : les difficultés croissantes des entreprises russes à effectuer des paiements vers l’étranger, en raison des sanctions occidentales liées à la guerre en Ukraine. Un casse-tête qui pourrait provoquer une nouvelle flambée des prix des produits importés, attisant encore davantage l’inflation malgré une politique monétaire restrictive.

Quelles conséquences pour l’économie russe ?

Si ce tour de vis monétaire vise à terme à rétablir la stabilité des prix, ses effets de court terme pourraient être douloureux pour l’économie russe :

  • Ralentissement de la croissance : le renchérissement du coût du crédit va pénaliser l’investissement des entreprises et la consommation des ménages.
  • Appréciation du rouble : attrayante pour les capitaux étrangers en quête de rendement, la devise russe pourrait s’apprécier, pénalisant la compétitivité des exportations.
  • Tensions budgétaires accrues : le financement de la dette publique sera plus onéreux, alors même que les dépenses liées à la guerre en Ukraine explosent.

Autant d’incertitudes qui font craindre une récession dans les prochains mois. Un risque d’ores et déjà palpable au sein du monde des affaires, plusieurs dirigeants d’entreprises s’étant déjà dits opposés à cette hausse des taux qui pourrait asphyxier l’activité. Le Kremlin doit donc naviguer sur une ligne de crête délicate, entre impératif de stabilité des prix et préservation du tissu économique. L’évolution de la guerre en Ukraine jouera un rôle décisif dans cet équilibre.

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