L’Europe vient de perdre une route clé de son approvisionnement en gaz naturel. Ce mercredi matin, dans deux communiqués distincts, les autorités de Kiev et de Moscou ont confirmé que le transit du gaz russe vers le Vieux Continent via le territoire ukrainien avait définitivement cessé. Une page se tourne dans le domaine énergétique, avec de lourdes conséquences à prévoir pour les pays européens.
Un événement « historique » selon l’Ukraine
L’arrêt du flux gazier russe à travers l’Ukraine marque la fin d’un contrat de 5 ans signé fin 2019 entre les deux pays. Pour le ministre ukrainien de l’Énergie, Guerman Galouchtchenko, c’est un « événement historique ». D’après lui, la Russie « perd des marchés » et va subir d' »importantes pertes financières » suite à cette décision.
Du côté de Moscou, le géant Gazprom a indiqué avoir été « privé de la possibilité technique et juridique de fournir du gaz pour le transit à travers l’Ukraine », en raison du « refus répété et explicite de la partie ukrainienne de prolonger cet accord ». La firme étatique russe déplore cette situation.
L’inquiétude de certains pays d’Europe centrale
Si l’Ukraine affirme avoir prévenu ses « partenaires internationaux » de cet arrêt programmé de longue date, plusieurs pays d’Europe centrale s’inquiètent de voir le robinet coupé sans réelles alternatives immédiates. La Hongrie et la Slovaquie notamment, très dépendantes du gaz russe acheminé via l’Ukraine, se sont plaintes ces dernières semaines de cette situation.
Le Premier ministre slovaque Robert Fico, resté proche de Vladimir Poutine, s’était même rendu à Moscou le 22 décembre dans l’espoir de trouver une solution de dernière minute. Une démarche qui avait fortement déplu au président ukrainien Volodymyr Zelensky, accusant M. Fico de vouloir « aider Poutine ».
La Moldavie également impactée
Outre l’Ukraine, c’est également la Moldavie qui va être privée de gaz russe à compter de ce mercredi. En effet, Gazprom doit aussi cesser ses livraisons à cette ex-république soviétique, dans le contexte d’un différend financier. Un coup dur pour ce pays qui vient de réélire une présidente pro-européenne.
Un accord resté en vigueur malgré la guerre
Malgré le conflit militaire qui oppose la Russie et l’Ukraine depuis plus d’un an, le contrat sur le transit gazier signé fin 2019 était resté en application jusqu’à présent. Une situation paradoxale qui profitait financièrement aux deux camps.
Mais avec cette interruption, combinée au sabotage des gazoducs Nord Stream en mer Baltique il y a plusieurs mois, les routes d’exportation du gaz russe vers l’Europe se réduisent comme peau de chagrin. Désormais, seul le gazoduc TurkStream, qui passe par la Turquie, permet encore d’acheminer de l’or bleu russe vers le Vieux Continent.
Un volume conséquent mais en baisse
Si le transit gazier via l’Ukraine ne représentait plus qu’une part mineure des approvisionnements européens, il restait malgré tout significatif. En 2023, ce sont près de 15 milliards de mètres cubes de gaz russe qui ont transité par le réseau ukrainien à destination de l’UE, selon les chiffres officiels. Un volume conséquent bien qu’en net recul par rapport aux années précédentes.
Un défi pour la sécurité énergétique européenne
Cette nouvelle donne énergétique représente un véritable défi pour l’Union Européenne. Privée d’une partie de ses importations gazières, elle va devoir accélérer sa transition vers d’autres sources d’énergie tout en sécurisant de nouvelles routes d’approvisionnement.
Des solutions alternatives existent, comme une hausse des livraisons de GNL, un recours accru aux énergies renouvelables ou encore une réduction de la demande via des mesures d’efficacité énergétique. Mais elles nécessiteront du temps et des investissements massifs pour compenser pleinement la perte du gaz russe.
Une chose est sûre : l’Europe entre dans une nouvelle ère énergétique. Sa capacité à relever ce défi de l’après-gaz russe sera cruciale pour son avenir économique et sa souveraineté stratégique dans les années à venir.