Dans un revirement de situation qui pourrait bien changer le cours de la guerre en Ukraine, les États-Unis, la France et l’Allemagne viennent d’annoncer qu’ils autorisaient officiellement l’Ukraine à utiliser les armes occidentales fournies pour frapper le territoire russe. Une décision lourde de conséquences qui soulève de nombreuses questions sur les risques d’escalade du conflit.
La France ouvre la voie
C’est le président français Emmanuel Macron qui a ouvert la brèche mardi, déclarant sans ambages que l’Ukraine avait « toutes les possibilités » de frapper la Russie « en vertu du droit international ». Une prise de position claire, appuyée sur l’article 51 de la Charte des Nations Unies reconnaissant le droit de légitime défense face à une agression.
On doit leur permettre de neutraliser les sites militaires d’où sont tirés les missiles (…) les sites militaires depuis lesquels l’Ukraine est agressée.
Emmanuel Macron
Le président français a cependant fixé des limites, appelant à ne viser que des cibles militaires et à épargner les civils pour éviter une escalade incontrôlée. Une position en demi-teinte qui reflète la complexité de l’équation ukrainienne pour les Occidentaux.
Les États-Unis suivent le mouvement
Dans la foulée, les États-Unis ont emboîté le pas à la France, un responsable américain déclarant sous couvert d’anonymat que Washington autorisait l’Ukraine à utiliser ses armes pour « contre-attaquer dans la région de Kharkiv », durement frappée par les bombardements russes.
Une annonce en forme de changement de doctrine pour les Américains, qui s’étaient jusqu’à présent gardés de franchir cette ligne rouge par crainte d’une réaction de Moscou. Washington a cependant tenu à préciser que les missiles longue portée ATACMS restaient exclus, signe que la prudence reste de mise.
L’Allemagne emboîte le pas
Enfin, l’Allemagne est elle aussi montée au créneau vendredi, le porte-parole du chancelier Olaf Scholz affirmant que l’Ukraine avait « le droit de se défendre » avec les armes fournies par Berlin, « y compris celles que nous avons livrées ».
Une prise de position notable pour l’Allemagne, traditionnellement réticente à toute escalade militaire en raison de son histoire. Berlin refuse cependant de fournir ses missiles longue portée TAURUS à Kiev, preuve que des lignes rouges subsistent.
Quel impact sur le conflit ?
Si ces annonces des trois poids lourds occidentaux ont été saluées par l’Ukraine, qui y voit un moyen de « contrer significativement » les tentatives russes de s’enraciner le long de la frontière, elles soulèvent aussi de nombreuses interrogations.
- Jusqu’où les frappes ukrainiennes en territoire russe seront-elles tolérées ?
- Comment Moscou réagira-t-il à ce qu’il pourrait percevoir comme une escalade ?
- Quels garde-fous pour éviter un embrasement général ?
Autant de questions qui restent en suspens et dont les réponses conditionneront l’évolution du conflit dans les prochains mois. Une chose est sûre : en donnant son feu vert à ces frappes, l’Occident franchit un nouveau cap dans son soutien à l’Ukraine. Avec tous les risques que cela comporte.