Vladimir Poutine ne manque pas une occasion de vanter la puissance militaire de la Russie. Jeudi dernier, le président russe s’est une nouvelle fois enthousiasmé pour l’Orechnik, le nouveau missile hypersonique expérimental de son pays. Ce missile balistique à portée intermédiaire, conçu pour porter des têtes nucléaires, a été testé pour la première fois en Ukraine la semaine dernière.
D’après une source proche du Kremlin, l’utilisation de cet armement – sans charge nucléaire – était une réponse aux récentes attaques ukrainiennes menées avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow contre la Russie. Alors qu’il avait brandi la menace d’une nouvelle frappe la semaine dernière, Vladimir Poutine n’a finalement pas réutilisé l’Orechnik ces derniers jours malgré de nouvelles attaques ukrainiennes.
Un missile à la portée redoutable
L’Orechnik, dont le nom signifie « noisetier » en russe, est un missile balistique à portée intermédiaire pouvant atteindre des cibles situées entre 3000 et 5500 km. S’il était tiré depuis l’Extrême-Orient russe, il pourrait donc théoriquement frapper la côte ouest des États-Unis. Mais c’est surtout l’Europe qui est dans sa ligne de mire.
L’Orechnik peut menacer la quasi-totalité de l’Europe.
Pavel Podvig, chercheur à l’Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmement (Unidir) à Genève
Jusqu’en 2019, la Russie et les États-Unis ne pouvaient déployer ce type de missiles en vertu du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) signé pendant la Guerre froide. Mais le retrait unilatéral de Washington, accusant Moscou de violer le texte, a ouvert la voie à une nouvelle course aux armements.
Une vitesse hypersonique
Outre sa longue portée, l’Orechnik se distingue par sa vitesse hypersonique. Lors du test du 21 novembre, ce missile a pu atteindre une vitesse de Mach 10, soit environ 12 350 km/h. D’après le renseignement militaire ukrainien, elle a même dépassé Mach 11 (13 600 km/h) en fin de trajectoire.
À une telle allure, les éléments percutants s’échauffent jusqu’à 4000°C. « Des centres de prise de décision à Kiev » pourraient devenir des cibles, a averti Vladimir Poutine. Utiliser massivement ce type de missile reviendrait selon lui à employer une arme nucléaire.
Un missile « impossible à intercepter »
Mais la principale caractéristique de l’Orechnik est peut-être son caractère insaisissable. Équipé de plusieurs charges manoeuvrantes, il serait extrêmement difficile à intercepter par les systèmes de défense actuels.
Les systèmes de défense aérienne disponibles dans le monde et les systèmes antimissiles créés par les Américains en Europe n’interceptent pas ces missiles. Ceci est exclu.
Vladimir Poutine
Face à cette menace, l’Ukraine a demandé à ses alliés occidentaux de nouveaux systèmes antiaériens dernier cri. Certains pourraient théoriquement contrer l’Orechnik, mais le pays en guerre en est encore dépourvu.
Bientôt produit en série
Bien que toujours en développement, ce missile serait déjà opérationnel. Moscou disposerait d’une réserve d’Orechnik « prêts à l’emploi ». Jeudi, Vladimir Poutine a indiqué que sa production en série avait débuté.
Le nombre d’exemplaires reste secret défense, mais une source haut placée de l’armée ukrainienne a estimé que la Russie n’en possèderait pour le moment que « quelques unités ». De quoi alimenter la peur d’une escalade du conflit, alors que les tensions sont déjà au plus haut entre Moscou et les Occidentaux.
