Des tensions diplomatiques éclatent entre la Roumanie et la Russie à quelques jours d’un second tour crucial pour l’élection présidentielle roumaine. Moscou a fermement rejeté jeudi les accusations d’ingérence dans ce scrutin qui pourrait voir la victoire surprise d’un candidat d’extrême droite prorusse et opposé à l’aide européenne à l’Ukraine.
Selon une source proche du dossier, les autorités roumaines ont déclassifié mercredi des documents détaillant de présumées manœuvres de déstabilisation qui rappellent les techniques employées par la Russie lors d’élections dans d’autres pays. Le réseau social TikTok, sur lequel le candidat controversé Calin Georgescu a mené sa campagne, a indiqué n’avoir aucune preuve d’une campagne coordonnée sur sa plateforme à ce jour.
La Russie dénonce des « accusations infondées » et une « hystérie antirusse »
Face à ces allégations, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a vivement réagi, rejetant « fermement toutes les attaques hostiles » qu’elle considère comme « totalement infondées ». Dans un communiqué, elle a dénoncé « des accusations de plus en plus absurdes » à l’encontre de Moscou et un climat « d’hystérie antirusse inédit ».
Nous rejetons fermement toutes les attaques hostiles, que nous considérons comme totalement infondées.
Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe
La représentante russe a appelé les autorités roumaines à « arrêter de gonfler la +menace russe+ afin de manipuler l’opinion publique », à quelques jours d’un second tour aux enjeux géopolitiques majeurs pour ce pays frontalier de l’Ukraine.
Un candidat prorusse en tête au premier tour
La percée inattendue de Calin Georgescu, un candidat d’extrême droite connu pour ses positions prorusses, a créé un séisme politique en Roumanie. Arrivé en tête au premier tour devant le Premier ministre sortant pro-européen, il fait figure de favori pour le second tour de dimanche.
Âgé de 62 ans, Calin Georgescu est habitué des discours nationalistes et mystiques. S’il a par le passé affiché son admiration pour Vladimir Poutine, il évite désormais soigneusement de répondre aux questions sur sa vision du dirigeant russe, devenu un paria en Occident depuis le début de l’offensive en Ukraine.
Un scrutin aux enjeux géopolitiques majeurs
Critique de l’Union européenne et de l’OTAN, Calin Georgescu s’oppose à l’aide apportée par la Roumanie à l’Ukraine et prône avant tout la recherche de la « paix ». Une position qui inquiète les partenaires occidentaux de Bucarest, alors que le pays est devenu un pilier essentiel du flanc est de l’Alliance atlantique.
Face à ces enjeux, les États-Unis ont déjà mis en garde la Roumanie contre les « graves conséquences négatives » d’un potentiel éloignement de l’Occident. Plus de 5000 soldats américains sont déployés sur le sol roumain, qui abrite également des éléments clés du bouclier antimissile de l’OTAN.
Le second tour de dimanche s’annonce donc décisif pour l’avenir géopolitique de la Roumanie, prise en étau entre les ambitions de Moscou et son ancrage occidental. Les accusations d’ingérence russe, fermement rejetées par le Kremlin, ajoutent encore à la tension dans ce pays de près de 20 millions d’habitants.
Les autorités roumaines restent vigilantes face à toute tentative de déstabilisation, alors que les récentes révélations sur de possibles manœuvres d’influence russes ont ravivé les craintes d’une répétition des scénarios observés dans d’autres pays. Le résultat de dimanche sera scruté de près par les capitales occidentales, qui redoutent un basculement de ce pays stratégique dans l’orbite de Moscou.
