Une nouvelle offensive diplomatique russe se déploie actuellement en Afrique. Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie du Kremlin, a entamé une tournée qui l’a déjà mené en Guinée et au Congo-Brazzaville, avec une étape prévue au Tchad. L’objectif est clair : consolider les liens avec ces pays et étendre l’influence de Moscou sur le continent.
Lavrov fustige “l’Occident” et son ingérence
Lors de ses entretiens avec les dirigeants africains, Sergueï Lavrov n’a pas manqué de critiquer vertement ce qu’il appelle “l’Occident”. Il accuse les puissances occidentales de vouloir imposer leur modèle de démocratie et de se mêler des affaires intérieures des pays africains.
Ce qui s’est passé en Libye est une tragédie, dont les auteurs sont l’Otan et ses membres. La même chose s’est passée en Irak et en Afghanistan, où l’Occident a voulu imposer son mode de démocratie.
– Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères
Le chef de la diplomatie russe présente ainsi la Russie comme un partenaire respectueux de la souveraineté des États africains, contrairement aux anciennes puissances coloniales.
Renforcement de la coopération militaire
Un volet important de la tournée africaine de Sergueï Lavrov concerne la coopération militaire. En Guinée, il a évoqué le “renforcement des capacités de défense” du pays face à la menace terroriste. De même, les liens étroits entre Moscou et le maréchal Haftar en Libye illustrent l’engagement russe dans la sphère sécuritaire.
Cette dimension militaire s’accompagne d’une mise en garde de la Russie envers la France. Moscou considère que les instructeurs militaires français dont l’envoi est envisagé en Ukraine constitueraient “une cible légitime” pour ses forces.
Une offensive diplomatique tous azimuts
La tournée de Sergueï Lavrov s’inscrit dans une stratégie plus large de Moscou pour étendre son influence en Afrique. Isolée sur la scène internationale depuis son intervention en Ukraine, la Russie cherche à se constituer un réseau d’alliés et de partenaires sur le continent.
- Moscou met en avant un discours anticolonial et “anti-occidental” qui trouve un écho auprès de certains dirigeants africains.
- La Russie propose une coopération économique et sécuritaire “sans ingérence”, en contraste avec les conditionnalités parfois imposées par les Occidentaux.
- Les initiatives diplomatiques russes se multiplient : sommet Russie-Afrique, forums économiques, accords de coopération…
Face à cette offensive russe, les puissances occidentales semblent peiner à proposer une alternative attractive. L’influence grandissante de Moscou en Afrique interroge sur l’évolution des rapports de force internationaux et les nouvelles dynamiques géopolitiques à l’œuvre sur le continent.
Quelle issue pour le “grand jeu” africain ?
La tournée de Sergueï Lavrov met en lumière l’intensification de la compétition entre puissances pour l’influence et les partenariats en Afrique. Dans ce “grand jeu” complexe, plusieurs questions se posent :
- Les pays africains sauront-ils tirer parti de cette situation pour faire avancer leurs propres intérêts et obtenir des contreparties avantageuses ?
- L’engagement accru de la Russie contribuera-t-il à la stabilité et au développement du continent, ou attisera-t-il au contraire certaines tensions ?
- Comment les acteurs occidentaux comme la France peuvent-ils repenser leur approche et proposer un partenariat rénové avec l’Afrique ?
Alors que Sergueï Lavrov poursuit sa tournée et que le bal des influences s’accélère, l’avenir des relations entre l’Afrique et les puissances mondiales apparaît plus que jamais en jeu. Un grand jeu dans lequel le continent entend faire entendre sa voix et défendre ses intérêts propres.