Lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies ce mardi, l’ambassadeur russe Vassili Nebenzia a lancé de graves accusations à l’encontre de l’Ukraine. Selon lui, Kiev apporterait un soutien militaire conséquent aux combattants du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, dans leur offensive contre les forces gouvernementales syriennes dans le nord-ouest du pays.
L’Ukraine accusée de fournir armes et entraînement à HTS
D’après les déclarations de l’ambassadeur Nebenzia, des « traces identifiables » pointeraient vers une implication directe de la direction du renseignement militaire ukrainien, le GUR, dans l’organisation des hostilités et l’approvisionnement en armes des combattants de HTS en Syrie. Il affirme notamment que des instructeurs militaires ukrainiens auraient été identifiés dans la province d’Idlib, bastion du groupe djihadiste, où ils formeraient les membres de HTS aux opérations de combat.
« Les combattants du HTS ne cachent pas le fait qu’ils sont soutenus par l’Ukraine, ils en font même l’étalage », a martelé l’ambassadeur russe, ajoutant que Kiev leur aurait fourni des drones, entre autres équipements. Selon lui, cette coopération entre « terroristes ukrainiens et syriens » viserait à recruter des combattants dans les forces armées ukrainiennes pour lancer des attaques contre les troupes russes et syriennes déployées en Syrie.
Une offensive éclair de HTS dans le nord-ouest syrien
Ces accusations interviennent alors qu’une coalition de rebelles syriens dominée par HTS a lancé fin novembre une vaste offensive dans le nord-ouest de la Syrie. Progressant à un rythme fulgurant, les djihadistes ont pris le contrôle de dizaines de localités et d’une grande partie de la ville d’Alep, deuxième ville du pays, avant de poursuivre leur avancée vers le sud. La Russie, alliée clé du régime de Bachar al-Assad et engagée militairement à ses côtés depuis 2015, a vivement condamné cette offensive.
Moscou « regrette » le manque de condamnation de la communauté internationale
Lors de son intervention devant le Conseil de sécurité, Vassili Nebenzia a déploré que les responsables onusiens « n’aient pas eu le courage d’appeler un chat un chat et de condamner ces attaques terroristes », visant par la même occasion les États-Unis. De son côté, l’ambassadeur américain adjoint Robert Wood a répliqué en déclarant que « le fait que le HTS soit listé comme organisation terroriste par les États-Unis et l’ONU ne justifie pas les nouvelles atrocités du régime Assad et de ses soutiens russes ».
Les Casques blancs dénoncent « l’abandon » des Syriens par la communauté internationale
Raed Saleh, le chef des Casques blancs, ces secouristes syriens, a pour sa part fustigé l’inaction de la communauté internationale face à la crise syrienne. « Le peuple syrien vous a appelés à agir immédiatement pour mettre fin aux atrocités et instaurer la paix, mais ces dernières années, non seulement vous n’avez pas écouté ces appels, mais tragiquement, beaucoup de vos gouvernements ont choisi d’oublier la Syrie », a-t-il déclaré devant le Conseil de sécurité. Il a notamment exhorté Moscou à cesser son soutien au régime syrien, son « obstruction » à la justice et sa « désinformation » sur les Casques blancs – une demande balayée par l’ambassadeur russe.
Face à cette nouvelle escalade du conflit syrien et aux vives tensions diplomatiques qu’elle suscite, les regards se tournent désormais vers la communauté internationale. Saura-t-elle trouver les moyens d’endiguer la spirale de violence et d’œuvrer en faveur d’une résolution pacifique de ce conflit qui n’a que trop duré ? L’avenir de millions de Syriens en dépend.