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La Ruée vers l’Or au Soudan : Financer la Guerre via les Émirats

L’or du Soudan, pillé pour financer la guerre, transite par les Émirats. Une industrie en plein boom cache un secret explosif… Que révèle ce trafic ?

Au cœur d’un pays ravagé par la violence, une ressource brille plus fort que jamais : l’or. Alors que le Soudan sombre dans un conflit brutal entre l’armée et les paramilitaires depuis avril 2023, cet eldorado minéral, loin de sortir la population de la misère, semble alimenter les flammes de la guerre. Mais où va cet or, et qui tire les ficelles de ce commerce trouble ?

L’Or, Nerf de la Guerre au Soudan

Le Soudan, l’un des pays les plus démunis au monde, possède des réserves d’or colossales. Pourtant, cet atout ne profite pas aux habitants. Depuis le début des affrontements entre les forces militaires et les unités paramilitaires, l’exploitation de ce métal précieux a pris une tournure dramatique, devenant un outil stratégique pour prolonger le conflit.

Une production en hausse, mais à quel prix ?

D’après une source proche du secteur minier, la production aurifère a bondi en 2024, atteignant **64 tonnes** contre 41,8 tonnes avant la guerre. Cette hausse spectaculaire a généré des revenus officiels de 1,57 milliard de dollars. Mais derrière ces chiffres, une réalité sombre se dessine : près de la moitié de cet or échappe aux circuits officiels.

Pour comprendre cette guerre, il faut suivre la piste de l’or. Elle mène directement aux Émirats.

– Un chercheur d’une ONG spécialisée dans le trafic de minerais

Les experts s’accordent : cet or, exploité dans des zones contrôlées par les deux camps, est souvent acheminé illégalement via des pays voisins avant de rejoindre une destination clé. Ce commerce clandestin ne fait qu’attiser les tensions.

Les Émirats, plaque tournante controversée

Les Émirats arabes unis, deuxième centre aurifère mondial, se retrouvent au cœur de cette affaire. Selon des documents internes et des témoignages, une grande partie de l’or soudanais finit dans ce pays du Golfe, par des voies légales ou détournées. Mais les autorités locales rejettent ces accusations en bloc.

Un responsable émirati a affirmé que son pays lutte activement contre les flux illicites, se positionnant comme une plaque tournante de l’or éthique. Pourtant, les chiffres racontent une autre histoire : des importations massives en provenance de nations limitrophes au Soudan dépassent largement leurs capacités de production.

  • Tchad : Importations d’or bien supérieures à sa production estimée.
  • Soudan du Sud : Une porte de sortie pour l’or des zones de guerre.
  • Égypte : Un autre couloir vers les marchés internationaux.

Un conflit alimenté par les mines

Dans les régions sous contrôle paramilitaire, comme le Darfour, les mines d’or prospèrent. Ces sites, véritables empires économiques, génèrent des fortunes colossales. Une source anonyme du secteur estime que certaines zones produisent au moins **150 kilos d’or par mois**, acheminés ensuite via des réseaux complexes.

Cet argent sert à acheter des armes, payer des combattants et influencer des alliés. D’après des experts internationaux, ces revenus atteindraient au moins un milliard de dollars par an pour les factions paramilitaires, un chiffre qui donne le vertige.

Le rôle ambigu des investisseurs étrangers

Les mines ne se développent pas seules. Une entreprise basée à Dubaï, autrefois liée à des intérêts russes, domine aujourd’hui le secteur aurifère soudanais. Reprise par un investisseur émirati en 2020, elle exploite des gisements clés, comme celui de Kush, qui produit des centaines de kilos d’or mensuels malgré les combats.

Ce mélange d’intérêts étrangers et locaux complique encore davantage la situation. Pendant ce temps, le gouvernement soudanais, soutenu par l’armée, utilise ces ressources pour renforcer son arsenal, créant un cercle vicieux de violence.

Une guerre aux dimensions internationales

Le conflit soudanais ne se limite pas à ses frontières. En mars, une plainte a été déposée auprès d’une cour internationale, accusant les Émirats de complicité dans des atrocités commises au Darfour. Abou Dhabi a balayé ces allégations, pointant du doigt les exactions de l’armée adverse.

Zone Production estimée Destination principale
Darfour 150 kg/mois Émirats via Soudan du Sud
Kush Centaines de kg/mois Émirats

Cette bataille juridique montre à quel point l’or a transformé ce conflit en une affaire mondiale. Mais pour l’instant, aucune solution ne semble en vue.

Et la population dans tout ça ?

Pendant que les puissants s’enrichissent, le peuple soudanais paie le prix fort. L’économie, déjà fragile, s’est effondrée avec la guerre. Les exportations d’or, censées renflouer les caisses, ne profitent qu’à une élite et aux belligérants, laissant des millions de personnes dans la précarité.

Les mines, souvent situées dans des zones reculées, attirent des travailleurs désespérés. Mais les conditions y sont inhumaines, et les profits s’envolent loin de leurs mains.

Vers une régulation impossible ?

Certains appellent à une régulation stricte du commerce de l’or africain. Mais les experts doutent de son efficacité tant que les principaux acteurs fermeront les yeux. “Il faut commencer par des contrôles rigoureux dans les pays importateurs”, insiste un analyste.

Point clé : Sans traçabilité claire, l’or reste une arme entre les mains des belligérants.

Le Qatar et la Turquie sont évoqués comme alternatives pour diversifier les exportations. Mais tant que la demande émiratie restera insatiable, le statu quo risque de perdurer.

Un avenir incertain

La ruée vers l’or au Soudan illustre une vérité brutale : les richesses naturelles, mal gérées, peuvent devenir une malédiction. Entre contrebande, intérêts étrangers et guerre sans fin, ce métal jaune continue de façonner le destin d’un pays au bord du gouffre.

Que faudra-t-il pour briser ce cycle ? Une prise de conscience internationale, des sanctions ciblées ou une improbable paix ? Pour l’instant, l’or coule à flots, et le sang avec lui.

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