Après Paris, au tour de Lyon de s’interroger sur le bien-fondé de certains noms de rues rendant hommage à des figures controversées de l’histoire coloniale française. La rue Bugeaud, située dans le 6e arrondissement, cristallise aujourd’hui les débats.
Une pétition pour débaptiser la rue
Ce dimanche 17 octobre, une trentaine de personnes se sont rassemblées devant les plaques de la rue Bugeaud pour demander sa “débaptisation”. À l’origine de cette initiative, une pétition en ligne adressée au maire écologiste Grégory Doucet, qui a recueilli pour l’instant une trentaine de signatures.
Les pétitionnaires demandent non seulement le retrait du nom de Bugeaud mais proposent aussi de renommer la rue “Rue du 17 octobre 1961”, en référence à la répression sanglante d’une manifestation pacifiste du FLN à Paris ce jour-là, qui avait fait entre 30 et 200 morts sous l’autorité du préfet Maurice Papon.
Thomas Bugeaud, figure sanglante de la colonisation
Mais qui était donc ce maréchal Bugeaud qui déchaîne les passions plus d’un siècle et demi après sa mort ? Engagé dans les conquêtes napoléoniennes puis dans l’armée de la monarchie de Juillet, Thomas Robert Bugeaud est surtout connu pour son rôle dans la colonisation de l’Algérie dont il deviendra gouverneur général.
Envoyé pour mater la résistance locale, il se distingue par la brutalité de ses méthodes, notamment lors du tristement célèbre enfumage de la tribu des Ouled Riah en 1845 qui fit des centaines de morts civils. Des exactions dénoncées dès l’époque comme symbole des pires excès de l’impérialisme français.
La mairie écologiste ouverte au changement
Du côté de la municipalité, on semble prêt à étudier sérieusement la question. L’adjointe aux questions mémorielles Sylvie Tomic, comme la maire du 1er arrondissement Yasmine Bouagga, toutes deux EELV, ont jugé la demande de débaptisation “légitime”, rappelant que plusieurs noms de rues et de monuments lyonnais rendaient hommage aux heures sombres de la présence française en Algérie.
La ville devrait se doter au premier semestre 2025 d’une instance dédiée, associant universitaires et société civile, pour statuer au cas par cas sur ces sujets sensibles. Une démarche déjà engagée dans d’autres villes comme à Paris, où le nom de Bugeaud vient tout juste d’être retiré de l’espace public après une décision du Conseil de Paris.
Entre devoir de mémoire et cancel culture
Mais tous ne voient pas d’un bon œil ce dépoussiérage des plaques de rues. Pour certains, il s’agit ni plus ni moins que de “cancel culture”, une volonté d’effacer un pan de l’Histoire de France au prétexte qu’il dérange nos sensibilités contemporaines. Un “vandalisme mémoriel” pour l’essayiste Alain Finkielkraut.
Plutôt que de débaptiser, ajoutons des plaques explicatives qui replacent ces personnages dans leur contexte.
Un élu lyonnais souhaitant garder l’anonymat
Une solution de compromis pourrait être l’ajout de plaques explicatives pour contextualiser ces noms controversés, comme le préconise un élu lyonnais souhaitant garder l’anonymat. “Plutôt que de débaptiser, ajoutons des éléments d’explication qui replacent ces personnages et leurs actes dans le contexte de l’époque”, suggère-t-il.
Le débat ne fait sans doute que commencer à Lyon comme ailleurs en France. Entre volonté de regarder en face les pages sombres de notre histoire et refus d’une réécriture mémorielle jugée abusive, la ligne de crête est étroite. La rue Bugeaud en sera-t-elle le prochain symbole ? Réponse dans les prochains mois.
Du côté de la municipalité, on semble prêt à étudier sérieusement la question. L’adjointe aux questions mémorielles Sylvie Tomic, comme la maire du 1er arrondissement Yasmine Bouagga, toutes deux EELV, ont jugé la demande de débaptisation “légitime”, rappelant que plusieurs noms de rues et de monuments lyonnais rendaient hommage aux heures sombres de la présence française en Algérie.
La ville devrait se doter au premier semestre 2025 d’une instance dédiée, associant universitaires et société civile, pour statuer au cas par cas sur ces sujets sensibles. Une démarche déjà engagée dans d’autres villes comme à Paris, où le nom de Bugeaud vient tout juste d’être retiré de l’espace public après une décision du Conseil de Paris.
Entre devoir de mémoire et cancel culture
Mais tous ne voient pas d’un bon œil ce dépoussiérage des plaques de rues. Pour certains, il s’agit ni plus ni moins que de “cancel culture”, une volonté d’effacer un pan de l’Histoire de France au prétexte qu’il dérange nos sensibilités contemporaines. Un “vandalisme mémoriel” pour l’essayiste Alain Finkielkraut.
Plutôt que de débaptiser, ajoutons des plaques explicatives qui replacent ces personnages dans leur contexte.
Un élu lyonnais souhaitant garder l’anonymat
Une solution de compromis pourrait être l’ajout de plaques explicatives pour contextualiser ces noms controversés, comme le préconise un élu lyonnais souhaitant garder l’anonymat. “Plutôt que de débaptiser, ajoutons des éléments d’explication qui replacent ces personnages et leurs actes dans le contexte de l’époque”, suggère-t-il.
Le débat ne fait sans doute que commencer à Lyon comme ailleurs en France. Entre volonté de regarder en face les pages sombres de notre histoire et refus d’une réécriture mémorielle jugée abusive, la ligne de crête est étroite. La rue Bugeaud en sera-t-elle le prochain symbole ? Réponse dans les prochains mois.