C’est un moment historique pour l’Europe. Après 13 longues années passées dans l’antichambre, la Roumanie et la Bulgarie sont enfin devenues, ce mercredi 31 décembre 2024, des membres à part entière de l’espace Schengen. Un symbole fort pour ces deux pays d’Europe orientale qui bénéficient désormais de la libre circulation, aussi bien sur route que dans les airs.
Un long chemin vers Schengen
Le parcours de la Roumanie et de la Bulgarie vers une intégration complète à l’espace Schengen n’a pas été de tout repos. Bien que remplissant les critères techniques depuis 2011, les deux pays se sont heurtés pendant de nombreuses années aux réticences de certains États membres, comme le souligne l’analyste Valentin Naumescu :
À chaque fois, des États membres émettaient des objections. Ce problème est devenu au fil des ans une source de frustration exploitée par les partis anti-UE.
Mais en cette fin d’année 2024, les dirigeants roumains et bulgares peuvent enfin se réjouir. Pour le Premier ministre roumain Marcel Ciolacu, il s’agit même du « plus grand succès » de l’année écoulée.
La levée du veto autrichien
Cette pleine adhésion n’aurait pas été possible sans la levée du veto de l’Autriche. Longtemps réfractaire à un élargissement de l’espace Schengen, craignant un afflux de demandeurs d’asile, Vienne avait finalement accepté au printemps dernier une entrée partielle de la Roumanie et de la Bulgarie. Une feuille de route avait alors été établie en vue d’une éventuelle expansion.
Selon des sources proches du dossier, les mesures mises en place ces derniers mois par les autorités roumaines et bulgares auraient permis « une réduction massive des passages » illégaux aux frontières. Un argument de poids qui a fini par convaincre l’Autriche de lever son veto.
D’importants bénéfices économiques attendus
Au-delà de la portée symbolique, l’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l’espace Schengen devrait aussi avoir des répercussions économiques significatives. D’après les estimations, le Produit Intérieur Brut (PIB) des deux pays pourrait augmenter d’au moins 1% grâce à cette intégration.
Les transporteurs routiers sont parmi les premiers à se réjouir. Finis les interminables contrôles aux frontières qui pouvaient durer jusqu’à 20 heures. « C’était une pure perte de temps pour les conducteurs qui ne pouvaient même pas se reposer car ils devaient déplacer leur véhicule toutes les 10 minutes », se souvient Beniamin Lucescu, président d’une Fédération de transports en Roumanie.
Le secteur du tourisme espère lui aussi tirer profit de cette nouvelle donne, en particulier pour les voyages vers la Grèce voisine. Désormais, il ne faudra qu’un peu plus de quatre heures pour rejoindre Thessalonique depuis Sofia. Un gain de temps appréciable.
Des défis infrastructurels à surmonter
Si l’adhésion à l’espace Schengen ouvre de nouvelles perspectives, certains défis restent à relever, notamment en termes d’infrastructures. C’est particulièrement vrai en Bulgarie où le piètre état des routes et l’absence de liaisons ferroviaires modernes pourraient limiter les bénéfices à court terme.
Des investissements conséquents devront donc être réalisés dans les années à venir pour que la Roumanie et la Bulgarie puissent pleinement profiter de leur nouveau statut au sein de l’espace Schengen. Un défi de taille mais nécessaire pour ces deux pays qui aspirent à jouer un rôle toujours plus important au cœur de l’Europe.
Un espace de libre circulation en expansion
Avec l’arrivée de la Roumanie et de la Bulgarie, l’espace Schengen s’agrandit et compte désormais 25 des 27 pays membres de l’Union Européenne, ainsi que quatre pays associés :
- La Suisse
- La Norvège
- L’Islande
- Le Liechtenstein
Au total, ce sont plus de 400 millions de personnes qui peuvent en principe circuler librement, sans être soumises à des contrôles aux frontières intérieures. Un chiffre impressionnant qui témoigne de la réussite de cet espace unique au monde.
Vers une Europe toujours plus intégrée
L’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace Schengen marque une nouvelle étape dans la construction européenne. Elle illustre la volonté des États membres de renforcer sans cesse leur coopération et d’éliminer progressivement les barrières qui peuvent encore entraver la libre circulation des personnes et des biens.
Prochaine étape : l’adoption de l’euro par ces deux pays. Si la Bulgarie est déjà engagée dans ce processus, avec une adhésion prévue au plus tôt en 2023, la Roumanie devra encore patienter quelques années. Mais nul doute qu’à terme, Bucarest et Sofia finiront par intégrer pleinement toutes les strates du projet européen.
En attendant, Roumains et Bulgares peuvent déjà savourer leur nouveau statut de membres à part entière de l’espace Schengen. Une belle victoire pour ces deux nations qui n’ont eu de cesse, depuis leur adhésion à l’UE en 2007, de prouver leur attachement aux valeurs européennes. Un symbole fort en cette fin d’année 2024, qui ouvre la voie à de nouvelles perspectives pour l’avenir de l’Europe.
