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La Réunion Historique Des Dirigeants Chypriotes Pour La Paix

Les dirigeants des deux parties de Chypre se sont rencontrés lundi dans un effort pour relancer le processus de paix. Ils ont évoqué l'ouverture de nouveaux points de passage entre le nord et le sud de l'île, qui pourrait être un premier pas vers la réunification tant attendue depuis des décennies. Mais le chemin reste semé d'embûches...

Dans une avancée diplomatique majeure, les dirigeants des deux parties de l’île divisée de Chypre se sont réunis lundi dans le cadre des efforts visant à relancer les pourparlers de paix au point mort depuis huit longues années. Selon l’ONU qui a orchestré cette rencontre historique, le président chypriote grec Nikos Christodoulides et le leader chypriote turc Ersin Tatar ont notamment évoqué l’ouverture potentielle de nouveaux points de passage entre le nord et le sud.

Cette réunion, qui s’est tenue dans la zone tampon onusienne divisant l’île méditerranéenne depuis l’invasion turque de 1974, fait suite à un dîner informel organisé à New York en octobre dernier par le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. Un geste fort démontrant la volonté de la communauté internationale de voir Chypre enfin réunifiée après des décennies de division.

Des propositions concrètes sur la table

Lors de cet échange crucial, le président Christodoulides affirme avoir soumis à son homologue du nord un ensemble de huit propositions concrètes, dont certaines concernent directement la création de nouveaux points de passage à travers la ligne de démarcation. Des idées qui, selon lui, avaient été accueillies favorablement par l’ONU mais pas encore par la partie turque.

Pour les Nations unies, l’ouverture de ces points de passage additionnels constituerait un pas important. Cela permettrait en effet de renforcer les liens économiques entre les deux communautés et de créer un climat plus propice à la reprise de véritables négociations en vue d’un règlement global.

Faciliter la circulation sur une île coupée en deux

Actuellement, seulement neuf points de passage officiels existent le long des 180 kilomètres de la ligne de cessez-le-feu, aussi appelée « Ligne verte », qui serpente à travers l’île en passant par Nicosie, dernière capitale européenne toujours divisée. Une situation anachronique et pénalisante pour les Chypriotes désireux de se rendre d’une partie à l’autre de leur pays.

C’est pourquoi de plus en plus de voix, émanant de la société civile mais aussi de responsables politiques, s’élèvent pour réclamer la création de points de passage supplémentaires. L’objectif : faciliter les déplacements des personnes vivant dans des régions isolées et éloignées des rares couloirs existants. Un enjeu crucial pour le quotidien de nombreuses familles et un test pour la bonne volonté des dirigeants.

Le lourd héritage de l’Histoire

Cette division physique et politique de Chypre trouve son origine dans les événements sanglants de l’été 1974. Le 15 juillet, des nationalistes chypriotes grecs fomentent un coup d’État dans le but d’unir l’île à la Grèce. Cinq jours plus tard, la Turquie, garante de l’indépendance chypriote aux côtés d’Athènes et de Londres, réagit en lançant une opération militaire qui aboutit à l’occupation du tiers nord.

Depuis, la République de Chypre, seule entité reconnue par la communauté internationale et membre de l’Union européenne depuis 2004, n’exerce son autorité que sur les deux tiers sud de l’île. Le tiers nord, lui, est contrôlé par la soi-disant « République Turque de Chypre Nord », autoproclamée et uniquement reconnue par Ankara.

L’espoir d’une réunification malgré les obstacles

Au fil des décennies, les tentatives de rapprochement entre les deux parties se sont succédées, avec des hauts et des bas. Le dernier cycle de pourparlers, initié en 2014, s’est soldé par un échec cuisant lors d’une réunion à Crans-Montana en 2017. Depuis, le dialogue est au point mort et les tensions ont même tendance à se raviver, notamment autour de l’épineuse question de l’exploitation des ressources gazières en Méditerranée orientale.

Malgré ce contexte difficile, la rencontre de lundi a ravivé l’espoir d’une reprise des négociations. Pour de nombreux observateurs, l’ouverture de nouveaux points de passage constituerait un premier pas concret et porteur d’espoir, même s’il est clair que le chemin vers une réunification durable sera encore long et semé d’embûches.

Les dirigeants chypriotes en sont bien conscients. Mais en acceptant de se parler à nouveau, en évoquant des mesures concrètes pour faciliter le quotidien des habitants, ils envoient un signal positif. Celui d’une volonté partagée de surmonter les vieux clivages et d’œuvrer, avec l’aide de la communauté internationale, à la construction d’un avenir commun et apaisé pour tous les Chypriotes.

Une lueur d’espoir dont la portée dépasse les frontières de cette île méditerranéenne. Car au-delà du sort de Chypre, c’est bien la capacité de l’Europe et du monde à résoudre pacifiquement les conflits les plus enkystés qui est en jeu. Un défi immense mais essentiel en ces temps troublés.

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