Dans une annonce retentissante, le Premier ministre tchèque Petr Fiala a révélé que son pays avait enfin réussi à s’affranchir de sa dépendance historique au pétrole russe. Cette prouesse énergétique, qui semblait encore impossible il y a peu, a été rendue possible grâce à l’extension d’un oléoduc stratégique reliant l’Europe de l’Ouest à la République tchèque.
Un pas de géant vers l’indépendance énergétique
Jusqu’à présent, la République tchèque importait plus de la moitié de son pétrole de Russie via l’oléoduc Droujba, hérité de l’ère soviétique. Malgré les sanctions européennes contre Moscou suite à l’invasion de l’Ukraine, Prague n’avait pas d’autre choix que de maintenir ce lien énergétique avec son imposant voisin à l’Est.
Mais en mai 2023, les autorités tchèques ont décidé de prendre leur destin en main. Elles ont lancé un chantier ambitieux visant à augmenter la capacité de leur raccordement à l’oléoduc TAL, qui achemine du brut depuis l’Italie vers l’Allemagne depuis les années 60. L’objectif : faire de cette infrastructure occidentale une alternative viable à la dépendance russe.
60 millions d’euros pour tourner la page
Les travaux d’extension, financés par la société publique de transit pétrolier Mero, ont coûté 60 millions d’euros. Un investissement conséquent, mais nécessaire pour permettre à la République tchèque de diversifier ses sources d’approvisionnement et de gagner en souveraineté énergétique.
Contre toute attente, le chantier a été achevé avec plusieurs mois d’avance. Initialement, Prague avait annoncé pouvoir mettre un terme à 60 ans de dépendance au pétrole russe au plus tard à la mi-2025. C’est désormais chose faite, comme l’a fièrement annoncé le chef du gouvernement :
La construction de cette extension est terminée. La Russie ne peut plus nous faire chanter et nous avons la garantie de pouvoir nous approvisionner à partir de l’Ouest.
Petr Fiala, Premier ministre tchèque
La fin d’une ère pour l’Europe centrale
Avec cette nouvelle donne énergétique, c’est toute une page qui se tourne pour la République tchèque et plus largement pour l’Europe centrale. Pendant des décennies, cette région a vécu sous la coupe de Moscou, que ce soit politiquement ou économiquement.
Même après l’éclatement du bloc communiste, nombre de pays d’Europe de l’Est ont continué à dépendre du bon vouloir du Kremlin pour leur approvisionnement en hydrocarbures. L’exemple tchèque montre qu’il est possible de s’émanciper de cet héritage pesant, même si le chemin est long et coûteux.
Des voisins qui s’engagent sur des voies différentes
Tous les pays de la région ne font cependant pas le même choix que Prague. La Slovaquie voisine, qui formait autrefois un seul état avec la République tchèque, semble au contraire resserrer ses liens énergétiques avec la Russie depuis le retour au pouvoir d’un Premier ministre pro-Kremlin en octobre dernier.
Ces trajectoires divergentes illustrent la complexité de la situation géopolitique en Europe centrale et orientale, tiraillée entre la volonté d’ancrage à l’Ouest et la tentation du rapprochement avec Moscou. L’avenir dira si l’exemple tchèque fera des émules ou restera une exception dans une région en quête de repères.
Les enjeux de la transition énergétique en Europe
Au-delà du cas tchèque, c’est toute l’Europe qui cherche à réduire sa dépendance aux hydrocarbures russes depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Bruxelles a adopté une série de sanctions visant à tarir les revenus pétroliers et gaziers de Moscou, tout en accélérant la transition vers les énergies renouvelables.
Mais cette stratégie se heurte à de nombreux obstacles, qu’ils soient techniques, économiques ou politiques. Remplacer le pétrole et le gaz russes, qui ont longtemps irrigué le continent à bas coût, nécessite de lourds investissements dans les infrastructures et les technologies vertes. Un défi colossal que tous les pays européens ne sont pas en mesure de relever au même rythme.
L’exemple tchèque montre cependant qu’avec de la volonté politique et des moyens financiers, il est possible de réduire significativement la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. Une petite victoire qui en appelle d’autres dans la longue marche de l’Europe vers la souveraineté et la durabilité énergétiques.