Dans une condamnation ferme, le Conseil de l’Europe a fustigé jeudi la « persécution continue des élus locaux en Russie ». Cette déclaration intervient au lendemain du nouveau procès pour « apologie du terrorisme » d’Alexeï Gorinov, député municipal de Moscou déjà condamné en 2022 à sept ans de prison pour avoir critiqué l’offensive russe en Ukraine.
Appel à la Libération de Tous les Prisonniers Politiques
Marc Cools, président du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, a déclaré sans ambages : « Je condamne la persécution continue des élus locaux et réaffirme l’appel du Congrès en faveur de la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers politiques d’opinion en Russie et dans les territoires temporairement occupés de l’Ukraine, qui sont détenus en raison de leurs opinions politiques ».
Cette déclaration se veut un message de solidarité envers Alexeï Gorinov et tous ceux qui osent critiquer la guerre, qu’ils soient conseillers municipaux, élus locaux et régionaux, défenseurs des droits de l’homme, journalistes, jeunes activistes ou opposants politiques. Marc Cools souligne qu’ils « continuent d’être détenus illégalement ou persécutés ».
Un Nouveau Procès pour « Apologie du Terrorisme »
Alexeï Gorinov, 63 ans, a comparu mercredi devant un tribunal militaire à Vladimir, accusé d’avoir « justifié le terrorisme » lors de conversations avec des codétenus alors qu’il était soigné pour une pneumonie en janvier 2023. Il risque cinq années de détention supplémentaires, s’ajoutant aux sept ans de prison auxquels il a été condamné en 2022 pour avoir critiqué l’assaut russe contre l’Ukraine lors d’une réunion municipale.
« Nous ne pouvons pas accepter qu’en Russie des personnes soient jugées devant les tribunaux pour s’être exprimées contre la guerre. Il est essentiel que nous maintenions la pression sur les autorités russes pour que tous les prisonniers politiques soient libérés immédiatement et que la persécution ne se poursuive pas »
– Marc Cools, président du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe
L’Opposition Russe Muselée
Les principales figures de l’opposition russe sont aujourd’hui soit emprisonnées, soit exilées à l’étranger. Sa figure de proue, Alexeï Navalny, est morte en détention en février dans des circonstances troubles. Cette répression systématique vise à étouffer toute voix discordante et à museler ceux qui oseraient remettre en question les décisions du Kremlin.
Selon une source proche du dossier, les autorités russes multiplient les procès à l’encontre des élus locaux, utilisant des accusations fallacieuses comme « l’apologie du terrorisme » pour les faire taire. Ces procès expéditifs, souvent tenus à huis clos, ne respectent pas les normes internationales en matière de droits de l’homme et de procès équitable.
La Russie Exclue du Conseil de l’Europe
Rappelons que la Russie a été exclue du Conseil de l’Europe mi-mars 2022, quelques semaines seulement après le début de son offensive militaire contre l’Ukraine. Cette institution, qui siège à Strasbourg, a pour mission de faire respecter les valeurs de la démocratie et des droits de l’homme sur le continent européen. Elle compte aujourd’hui 46 États membres.
La condamnation par le Conseil de l’Europe de la répression des élus locaux russes et son appel à la libération des prisonniers politiques sont un signal fort envoyé au Kremlin. Ils rappellent que la communauté internationale reste vigilante face aux dérives autoritaires du régime de Vladimir Poutine et qu’elle n’acceptera pas que la liberté d’expression soit ainsi bafouée.
Malheureusement, il est peu probable que cet appel soit entendu par Moscou. Le pouvoir en place semble déterminé à écraser toute forme d’opposition et à imposer sa vision unique. La guerre en Ukraine a servi de prétexte pour accélérer la dérive autoritaire et liberticide du régime. Les voix critiques sont systématiquement réduites au silence, par l’emprisonnement, l’exil forcé ou même, dans certains cas, l’élimination physique.
Face à cette situation alarmante, il est crucial que la communauté internationale maintienne la pression sur le Kremlin. Les condamnations verbales doivent s’accompagner de sanctions concrètes visant les responsables de cette répression. Les pays démocratiques doivent aussi offrir leur soutien et leur protection aux opposants russes contraints à l’exil. Car c’est seulement en conservant un espace, même restreint, de contestation et de débat que l’on pourra espérer voir un jour la Russie renouer avec les valeurs démocratiques.