Le footballeur néerlandais Anwar El Ghazi a remporté une victoire retentissante devant les prud’hommes de Mayence, en Allemagne. Licencié en novembre dernier par le club allemand pour avoir exprimé son soutien à la Palestine sur les réseaux sociaux, le joueur de 29 ans a obtenu l’annulation de son renvoi et va pouvoir réintégrer l’effectif. Une décision de justice qui fait date et soulève des questions sur la liberté d’expression des sportifs.
Retour sur une affaire explosive
Tout commence le 17 octobre 2022, quand Anwar El Ghazi publie sur son compte Instagram un message de soutien aux Palestiniens, conclu par la formule “Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre“. Un slogan aux interprétations diverses, vu par certains comme un appel à la destruction d’Israël, et par d’autres comme une aspiration à l’égalité des droits. Deux semaines plus tard, le joueur réaffirme sa position dans un nouveau post, au grand dam de ses employeurs.
Le 19 novembre, le FSV Mayence, qui avait recruté El Ghazi deux mois plus tôt alors qu’il était libre, décide de le licencier sans préavis et de cesser de lui verser son salaire. Un “licenciement exceptionnel” que le club justifie par le contenu des publications, jugées inacceptables. L’international néerlandais n’aura disputé que 51 minutes en trois matches sous le maillot du 13e de Bundesliga.
La riposte juridique d’El Ghazi
Refusant ce qu’il considère comme une atteinte à sa liberté d’expression, Anwar El Ghazi contre-attaque et porte plainte contre Mayence devant les prud’hommes. Son argumentaire : ses prises de position relèvent de sa liberté d’expression et ne peuvent justifier une rupture de contrat. Après plusieurs mois de procédure, le tribunal lui donne raison ce vendredi.
Le licenciement d’Anwar El Ghazi est injustifié et son contrat demeure valable
– Conseil de prud’hommes de Mayence
Dans son jugement, le conseil estime que les messages litigieux sont “couverts par la liberté d’expression” et que le licenciement est donc abusif. En conséquence, le contrat doit être rétabli et le joueur indemnisé à hauteur d’1,5 million d’euros selon l’agence allemande SID. Une somme qui comprend les salaires non versés et des dommages et intérêts.
Une jurisprudence importante
Au-delà du cas personnel d’Anwar El Ghazi, cette décision crée un précédent notable dans le monde du football, où la question de l’engagement politique des joueurs est souvent épineuse. En donnant raison à l’international néerlandais, les prud’hommes allemands affirment que les footballeurs ne perdent pas leur droit à la liberté d’expression en signant un contrat, et que celle-ci doit être respectée par les clubs, même face à des propos clivants.
Reste à voir quelles seront les suites de ce jugement. Va-t-il encourager d’autres joueurs à s’exprimer plus librement sur des sujets de société ? Les clubs vont-ils revoir leurs règlements internes et la gestion de la communication de leurs employés ? Une chose est sûre, le retour d’Anwar El Ghazi dans le vestiaire de Mayence s’annonce délicat après une telle bataille judiciaire. Mais le Néerlandais sort grandi de cette épreuve, avec le sentiment d’avoir fait triompher ses droits et ses convictions.