Alors que la réforme des retraites vient à peine d’être promulguée après un parcours chaotique, l’annonce surprise d’une dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron rebat les cartes. Avec la perspective d’une possible cohabitation en cas de victoire des oppositions, le sort de la réforme pourrait-il être remis en question ?
Un cheval de bataille pour les oppositions
Durant la campagne présidentielle de 2022, Marine Le Pen avait fait du retour de la retraite à 60 ans pour les carrières longues un argument phare, avant de nuancer sa position. Jean-Luc Mélenchon de la France Insoumise et le Parti Socialiste se sont eux aussi fermement opposés au report de l’âge légal à 64 ans. Des positions réaffirmées lors des élections européennes où le Rassemblement National est arrivé largement en tête avec plus de 31% des voix.
Ramener l’âge de départ en retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler tôt, comme le propose le RN, était évalué entre 23,5 et 38,5 milliards d’euros par an par l’Institut Montaigne en 2022.
AFP
Un coût difficile à assumer
Mais un retour en arrière sur la réforme des retraites aurait un coût très élevé pour les finances publiques, déjà mises à mal par les crises successives. Selon les estimations, revenir sur le report de l’âge légal coûterait entre 10 et 20 milliards d’euros par an. Une facture difficilement soutenable alors que le système de retraites affiche déjà un lourd déficit qui devrait encore se creuser dans les années à venir avec le vieillissement de la population.
Des marges de manœuvre limitées
Même en cas de victoire, une coalition d’opposition aurait des marges de manœuvre réduites pour complètement détricoter la réforme de 2023. Elle pourrait éventuellement revenir sur certaines mesures comme la pénibilité ou les carrières longues, mais un retour global à la retraite à 60 ans semble peu probable. D’autant que les partenaires sociaux pourraient s’y opposer, craignant de voir le déficit s’aggraver.
Une abrogation pure et simple de la réforme des retraites en cas de cohabitation relève donc plus d’une promesse de campagne que d’un scénario crédible. Sauf à assumer un lourd coût budgétaire et des négociations complexes avec les syndicats. L’avenir du système de retraites français s’annonce encore incertain dans les mois à venir.