Le gouvernement vient d’annoncer un nouveau tour de vis concernant l’assurance chômage, suscitant l’indignation des syndicats. Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, n’a pas mâché ses mots pour dénoncer cette réforme qu’elle juge « honteuse » et motivée par des considérations purement budgétaires.
Une réforme qui pénalise durement les chômeurs
Parmi les mesures phares de cette réforme figurent la réduction de la durée d’indemnisation à 15 mois contre 24 auparavant, ainsi que le durcissement des conditions d’accès avec la nécessité d’avoir travaillé 8 mois sur les 20 derniers mois, contre 6 actuellement. Le gouvernement met en avant la situation d’excédent du régime d’assurance chômage pour justifier ces coupes drastiques.
Le gouvernement a regardé son tableur Excel, mis les curseurs là où il pouvait dégager un maximum de milliards d’euros
Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT
Les jeunes et les seniors en première ligne
Selon la responsable syndicale, les jeunes seront particulièrement affectés par ces nouvelles règles plus restrictives pour accéder à l’indemnisation. Quant aux seniors, le “bonus emploi senior” est loin de compenser la baisse de leurs droits. Marylise Léon y voit une forme de double peine.
- Jeunes : 8 mois de travail nécessaires contre 6 aujourd’hui pour être indemnisé
- Seniors : baisse des droits malgré le “bonus emploi senior”
3,6 milliards d’économies sur le dos des chômeurs
Le gouvernement table sur des économies de 3,6 milliards d’euros grâce à cette réforme. Un chiffre jugé sous-évalué par les syndicats qui dénoncent une volonté de “faire les poches des chômeurs” selon les mots de Marylise Léon. Et ce alors même que le régime d’assurance chômage est à l’équilibre depuis 2023.
On nous dit qu’on veut faire une réforme pour aller vers le plein-emploi, mais le durcissement des règles d’assurance-chômage n’a jamais créé des emplois.
Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT
Un discours stigmatisant envers les demandeurs d’emploi
Au-delà de l’impact financier, la responsable syndicale dénonce un discours culpabilisant les chômeurs, les faisant passer pour des profiteurs. Elle appelle le gouvernement à demander des comptes aux entreprises sur leurs pratiques en termes d’emploi plutôt que de s’acharner sur les demandeurs d’emploi.
Si le gouvernement met en avant une comparaison avec les autres pays européens pour justifier sa réforme, Marylise Léon juge que cet argument ne tient pas car il faudrait comparer l’ensemble des éléments de protection sociale. Les syndicats envisagent des recours juridiques mais écartent des actions pendant les Jeux Olympiques.
Cette énième réforme de l’assurance chômage promet donc de vifs débats dans les prochaines semaines. Loin des promesses de justice et de progrès social, elle est vécue par beaucoup comme une régression faisant porter l’effort sur les plus fragiles. Le bras de fer entre gouvernement et syndicats ne fait sans doute que commencer sur ce dossier brûlant.