C’est un ouf de soulagement qui a retenti dans les capitales européennes ce lundi. Maia Sandu, la présidente pro-européenne de Moldavie, a été réélue avec 55,41% des voix face à son rival soutenu par les socialistes prorusses, Alexandr Stoianoglo, qui a obtenu 44,59%. Une victoire arrachée de haute lutte dans ce petit pays de 2,6 millions d’habitants, ancienne république soviétique, où les tentatives d’ingérence de Moscou ont été nombreuses durant la campagne électorale.
L’Union Européenne salue une “leçon de démocratie”
Pour l’UE, qui a officiellement ouvert des négociations d’adhésion avec la Moldavie en juin dernier, c’est un véritable soulagement. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a salué sur X (ex-Twitter) la “détermination des Moldaves à construire un avenir européen malgré les tentatives hybrides de saper la démocratie”. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et plusieurs dirigeants des 27, dont Emmanuel Macron et Olaf Scholz, ont livré des messages similaires.
Première femme élue à la tête de la Moldavie en 2020, Maia Sandu a évoqué “une leçon de démocratie” face à “une attaque sans précédent” de “forces hostiles et criminelles”. Durant la campagne, la police a signalé de nombreuses “tentatives de déstabilisation” présumées de Moscou : désinformation, achat de votes, menaces, cyberattaques…
Un pays profondément divisé sur la question européenne
Mais cette victoire masque mal les profondes divisions qui traversent la société moldave sur la question européenne. Maia Sandu a perdu face à son rival sur le seul territoire national, ne devant sa survie qu’à la forte mobilisation de la diaspora (270 000 votes sur 326 000 à l’étranger). Le référendum du 20 octobre visant à inscrire l’objectif européen dans la Constitution n’a été approuvé que de justesse, faisant craindre le pire.
Une partie de la population partage des idées qui ne sont pas en accord avec les valeurs européennes.
Lucian Cristea, étudiant moldave
Le pays est coupé en deux, entre d’un côté une diaspora et une capitale favorables à l’UE, et de l’autre les zones rurales et deux régions séparatistes prorusses, la Transdniestrie et la Gagaouzie. Un attachement “sentimental” à la Russie subsiste chez une partie de la population selon les observateurs.
Le défi des législatives de 2025
Maia Sandu a tendu la main à ses opposants dans son discours de victoire, promettant d’être “la présidente de tous”. Mais selon les experts, elle devra impérativement tirer les leçons de ce scrutin si elle veut éviter une déroute aux législatives de l’été 2025.
Si Maia Sandu ne tire pas les enseignements du scrutin, nous n’aurons pas l’an prochain un parlement pro-européen.
Andrei Curararu, expert du groupe de réflexion WatchDog
Un scénario qui rappellerait celui de la Géorgie voisine, où la présidente pro-occidentale s’oppose à un gouvernement accusé de dérive autoritaire prorusse. Le parcours européen de la Moldavie est encore long et semé d’embûches. Les prochaines années s’annoncent décisives pour l’avenir de ce petit pays tiraillé entre est et ouest.