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La Reconfiguration Stratégique de la Présence Militaire Française en Afrique

Un rapport remis à E. Macron préconise un "partenariat de défense renouvelé" avec les pays africains où sont implantées des bases militaires françaises. Quels changements à venir pour la présence française sur le continent ?

Un rapport sur l’avenir de la présence militaire française en Afrique a été remis lundi 8 mai au président Emmanuel Macron par son envoyé spécial sur le continent, Jean-Marie Bockel. Ce document très attendu trace les contours d’un « partenariat de défense renouvelé » et « co-construit » avec les pays africains où la France dispose de bases militaires, à l’exception de Djibouti.

Vers une relation de défense rééquilibrée

D’après l’Elysée, les recommandations du rapport Bockel s’inscrivent dans la volonté de mettre en place une coopération militaire davantage tournée vers les besoins exprimés par les partenaires africains de la France, dans le plein respect de leur souveraineté. Un virage stratégique qui doit permettre de rééquilibrer des relations de défense longtemps marquées par les héritages de la Françafrique.

Réduction des effectifs français prépositionnés

Bien que le contenu précis du rapport reste confidentiel, il apparaît que la France s’oriente vers une baisse significative de ses forces prépositionnées dans ses quatre emprises militaires en Afrique subsaharienne : le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Tchad et le Gabon. Des sources proches de l’exécutif évoquent un format resserré autour d’une centaine de militaires dans chacun de ces pays, contre plusieurs centaines actuellement.

Maintien d’un lien opérationnel permanent

Malgré cette réduction de voilure, Paris entend conserver un détachement de liaison permanent dans chacune de ces bases. L’objectif est de pouvoir continuer à entretenir une relation opérationnelle étroite avec les armées partenaires, tout en adaptant l’offre de coopération militaire française à leurs besoins spécifiques.

Le Sénégal, un cas à part

Le Sénégal fait figure d’exception dans ce plan de reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique. En effet, l’auteur du rapport n’a pas pu se rendre à Dakar ni formuler de recommandations concernant ce pays en raison de la tenue récente d’élections présidentielle et législatives. Un rendez-vous manqué qui témoigne de la sensibilité politique de ce dossier pour les autorités sénégalaises.

Des annonces attendues mais pas officielles

Bien que les grandes lignes de cette réforme de la présence militaire française soient désormais connues, aucune annonce officielle et détaillée ne devrait être faite dans l’immédiat par l’exécutif. Paris semble vouloir avancer avec prudence sur ce dossier hautement symbolique, en concertation étroite avec ses partenaires africains.

Un virage stratégique amorcé de longue date

Ce projet de reconfiguration des bases françaises s’inscrit dans un contexte de remise en cause croissante de la présence militaire hexagonale en Afrique. Critiquée pour son caractère néocolonial par certains, questionnée sur son efficacité réelle par d’autres, cette présence apparaît de plus en plus anachronique aux yeux de nombreux observateurs et dirigeants du continent.

Face à cette contestation montante, Emmanuel Macron avait amorcé dès le début de son premier mandat une inflexion de la politique africaine de la France. Un virage stratégique illustré notamment par la fin de l’opération Barkhane au Sahel et la volonté affichée de « refonder » le partenariat entre Paris et le continent.

Vers une relation apaisée et mutuellement bénéfique ?

Avec ce nouveau format de coopération militaire, plus ramassé et davantage à l’écoute des attentes des pays hôtes, la France espère tourner la page des accusations d’ingérence et de paternalisme qui ont longtemps entaché sa relation avec l’Afrique dans le domaine sécuritaire.

L’objectif affiché est d’établir un partenariat de défense apaisé, équilibré et mutuellement bénéfique avec les nations africaines concernées. Une ambition louable sur le papier, mais qui devra encore faire ses preuves sur le terrain au gré des prochaines crises sécuritaires qui ne manqueront pas de secouer le continent dans les années à venir.

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