Un immense frisson a traversé le Centre Aquatique Olympique mercredi soir. Le public retient son souffle, les yeux rivés sur les lignes d’eau. Sur le plot, un jeune prodige français s’apprête à écrire l’histoire. Son nom : Léon Marchand, 21 ans, et déjà une étoile montante de la natation mondiale. Ce soir, il s’élance vers son destin olympique sur 200m papillon.
Dans les tribunes, un spectateur pas comme les autres observe la scène avec intensité. Michael Phelps, la légende absolue des bassins, consultant pour la chaîne américaine NBC pendant ces Jeux. Lui qui détient le record absolu de médailles olympiques scrute attentivement son jeune successeur, avec qui il partage un lien particulier : le Français est entraîné par Bob Bowman, l’homme qui a conduit Phelps au sommet.
Le duel des générations
Les mains sur les genoux, Phelps est tendu. Dans l’eau, Marchand semble dominé. Le Hongrois Kristof Milak, tenant du titre, vire en tête à l’entame de la dernière longueur. L’Américain se penche vers l’écran, comme pour pousser son poulain.
C’est alors que survient l’impensable retournement de situation. Marchand, grace à une coulée dévastatrice, refait son retard. Il revient à hauteur de Milak dans les derniers mètres. Phelps n’en croit pas ses yeux. Il exulte, trépigne sur son siège, comme transcendé par ce qu’il voit.
L’étincelle d’un passage de flambeau
Le Français touche le mur, vainqueur, dans un nouveau record olympique. Michael Phelps laisse exploser sa joie. Lui, l’athlète le plus médaillé de l’histoire, est sans voix devant la prouesse de son successeur. Il saute de son siège, lève les bras au ciel, comme s’il venait lui-même de gagner.
Un moment suspendu, chargé en symboles et en émotions. Comme si le plus grand nageur de tous les temps adoubait son héritier, lui transmettait le flambeau dans une passation de pouvoirs vibrante.
D’une certaine manière, Phelps vient d’assister à sa propre histoire. Lui qui avait enflammé les Jeux d’Athènes en 2004 à seulement 19 ans, voit un autre prodige marcher dans ses pas, pour écrire sa propre légende. Un moment rare, qui fera date.
L’avènement d’un nouveau roi des bassins ?
Avec déjà trois médailles d’or et trois records olympiques, Léon Marchand s’affirme comme la nouvelle star des bassins. À seulement 21 ans, il semble promis à un avenir doré. De quoi ravir Michael Phelps, qui ne boude pas son plaisir de voir la relève assurer aussi brillamment.
Mais le jeune Français garde la tête froide. Focalisé sur ses objectifs, il vise encore deux sacres olympiques d’ici la fin des Jeux. Nul doute que son illustre aîné, subjugué par son talent, sera de nouveau au premier rang pour l’encourager.
La natation tient son nouveau joyau, un diamant brut encore promis à briller de mille feux. Et s’il est encore trop tôt pour parler de détrôner le “Kid de Baltimore”, une chose est sûre : ce soir, c’est un peu de Michael Phelps que l’on a vu nager en Léon Marchand. En lui offrant cette victoire par procuration, pleine de panache et d’audace, le Français a rallumé la flamme du plus grand champion olympique de tous les temps. La plus belle des passations.
