Un fragile espoir de paix émerge à l’est de la République démocratique du Congo. Après des mois d’intenses combats entre les forces armées congolaises et la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda voisin, les deux pays ont approuvé lundi un document décisif pour la poursuite du processus de paix, selon la diplomatie angolaise qui joue un rôle de médiateur.
Ce document, appelé « Concept d’opérations » ou CONOPs, est censé fixer les modalités d’un éventuel retrait des troupes rwandaises présentes sur le sol congolais. Une avancée jugée « clé » par l’Angola pour ramener la stabilité dans cette région déchirée par les violences depuis fin 2021, malgré la signature début août d’un cessez-le-feu qui reste précaire.
Quelle feuille de route pour la paix ?
Si les détails de ce plan n’ont pas été dévoilés, une première mouture datant d’août posait comme condition préalable au départ des soldats rwandais la neutralisation des FDLR, un groupe armé opposé à Kigali et allié aux forces congolaises face au M23. Un véritable casse-tête tant le conflit implique une myriade de milices dans l’est de la RDC.
Malgré les violations répétées du cessez-le-feu, le dialogue se poursuit entre Kinshasa et Kigali grâce à la médiation de l’Angola. Les deux voisins ont acté début novembre la mise en place d’un comité de suivi, dirigé par Luanda, pour surveiller les incidents sur le terrain.
Marge de manoeuvre étroite
Mais au delà des déclarations diplomatiques, la situation sécuritaire reste explosive. Le M23 continue de lancer des offensives localisées pour grignoter du terrain, faisant fi de l’accord de cessez-le-feu. Les FARDC peinent à endiguer cette rébellion qui avait déjà défié Kinshasa entre 2012 et 2013 avant d’être défaite.
Dans ce contexte, difficile d’imaginer un retrait rapide et total des forces rwandaises sans garanties côté congolais. Les FDLR, présentées par Kigali comme une menace existentielle, servent aussi de prétexte commode pour justifier sa présence de l’autre côté de la frontière.
La voie vers une paix durable semble encore longue et semée d’embûches. Il faudra plus que des documents sur papier pour apaiser durablement les tensions.
Une source diplomatique à Kinshasa
Des intérêts divergents
Au cœur de l’équation, les intérêts sécuritaires mais aussi économiques des deux pays s’entrechoquent. Le Rwanda voit d’un mauvais œil l’influence grandissante de son rival ougandais en RDC et craint un sanctuaire pour les rebelles hostiles à Kigali. Kinshasa cherche à reprendre le contrôle de zones riches en minerais et accuse le Rwanda de piller ses ressources.
Autant d’enjeux qui compliquent la résolution de ce conflit régional aux ramifications multiples. L’Angola, épaulé par le Kenya et le Burundi, doit redoubler d’efforts pour rapprocher les positions et obtenir des engagements concrets. Un processus de paix à petits pas dans lequel ce premier accord semble ouvrir une brèche fragile mais porteuse d’espoir pour les populations civiles prises en étau.