C’est désormais officiel : la Présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan sera la candidate du parti au pouvoir, le Chama Cha Mapinduzi (CCM), lors des élections présidentielles prévues en octobre prochain. Cette décision, prise à l’unanimité par les membres du CCM lors d’une assemblée générale extraordinaire ce week-end, marque une étape cruciale dans le parcours politique de celle qui avait accédé à la fonction suprême dans des circonstances tragiques.
Une arrivée au pouvoir sur fond de drame
Rappelons en effet que Samia Suluhu Hassan, alors vice-présidente, avait dû assumer les rênes du pays en mars 2021, suite au décès soudain du président John Magufuli. Une prise de fonction brutale qui n’avait pourtant pas semblé ébranler cette femme de conviction, déterminée à insuffler un vent de changement sur la scène politique tanzanienne.
À son arrivée au pouvoir, Mme Hassan avait rapidement affiché des signes d’ouverture, contrastant avec le style autoritaire de son prédécesseur. Parmi ses premières mesures symboliques : la levée de l’interdiction de certains médias, muselés sous l’ère Magufuli. Un geste fort, laissant augurer une nouvelle ère pour la liberté de la presse en Tanzanie.
Des promesses de réformes sur fond de critiques
Pourtant, ces derniers mois, l’opposition n’a pas manqué de pointer du doigt un certain retour en arrière. Arrestations arbitraires, disparitions suspectes… Autant de pratiques qui rappellent douloureusement les heures sombres du régime Magufuli, et qui viennent ternir le bilan de celle qui avait pourtant promis un « nouveau départ » pour le pays.
Samia Suluhu Hassan est notre candidate au poste de présidente.
Résolution lue par la députée Ng’wasi Kamani lors de l’assemblée générale du CCM
Face à ces critiques, la décision du CCM apparaît comme un gage de confiance renouvelé envers sa dirigeante. Mais plus qu’un blanc-seing, c’est un véritable défi qui attend désormais Samia Suluhu Hassan : celui de convaincre les Tanzaniens de lui accorder un nouveau mandat, dans un contexte politique tendu où les appels aux réformes du système électoral se font de plus en plus pressants.
L’opposition met la pression, sur fond de menace de « blocage »
Principal parti d’opposition, le Chadema a d’ores et déjà prévenu qu’il n’hésiterait pas à « bloquer » le processus électoral si des réformes significatives n’étaient pas mises en place d’ici octobre. Une menace qui fait suite aux résultats très controversés des élections locales de novembre dernier, où le CCM avait réalisé un véritable raz-de-marée, aussitôt dénoncé comme frauduleux par l’opposition.
Pour autant, le parti au pouvoir ne semble pas prêt à lâcher du lest. En témoigne la désignation, là aussi à l’unanimité, du président de Zanzibar, Hussein Ali Mwinyi, comme candidat à sa propre succession. Un signal clair envoyé à l’opposition : le CCM entend bien conserver son hégémonie sur l’échiquier politique tanzanien.
Un scrutin sous haute tension
Dans ce contexte, la campagne qui s’annonce s’emble d’ores et déjà placée sous le signe de la tension. D’un côté, une présidente sortante déterminée à convaincre de sa capacité à incarner le changement, malgré les critiques. De l’autre, une opposition revigorée, prête à en découdre pour faire entendre sa voix et imposer des réformes tant attendues.
Pour Samia Suluhu Hassan, l’enjeu est de taille. Première femme à accéder à la tête de la Tanzanie, elle a désormais la lourde tâche de consolider son leadership, tout en apportant des réponses concrètes aux aspirations démocratiques d’une population en attente de changement. Un défi de tous les instants, dans un pays où la soif de liberté et de transparence n’a jamais été aussi grande.
Une chose est sûre : les prochains mois s’annoncent décisifs pour l’avenir politique de la Tanzanie. Et au cœur de ce tourbillon, une femme, Samia Suluhu Hassan, prête à tout pour marquer l’histoire de son empreinte. Rendez-vous en octobre prochain, pour un scrutin qui s’annonce d’ores et déjà historique.
