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La Présidence Atypique de Jimmy Carter Ternie par l’Iran

Il fut le 39e président des États-Unis, mais son unique mandat resta terni par la crise des otages en Iran. Découvrez le destin singulier de Jimmy Carter, décédé à 100 ans, un homme politique atypique qui marqua l'Amérique par...

L’Amérique vient de perdre l’un de ses présidents les plus singuliers. Jimmy Carter, 39e locataire de la Maison Blanche de 1977 à 1981, s’est éteint le 19 février 2023 à l’âge de 100 ans. Cet homme politique démocrate aura marqué l’histoire par son parcours atypique, son style unique mais aussi les crises auxquelles son unique mandat présidentiel fut confronté, à commencer par la prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran.

Un outsider à Washington

Lorsqu’il se lance dans la course à la Maison Blanche en 1976, Jimmy Carter est un quasi-inconnu sur la scène politique nationale. Ce sudiste, ancien officier de marine reconverti dans la culture de l’arachide, incarne une nouvelle génération d’hommes politiques, plus progressistes sur les questions de société. Son élection suscite alors de grands espoirs après le traumatisme du Watergate.

Mais ses deux premières années au pouvoir révèlent rapidement ses difficultés à s’adapter aux us et coutumes de la capitale fédérale. Moqué pour sa naïveté et ses maladresses, ce « politique non-conformiste » peine à transformer l’essai. Comme l’analyse l’historien Julian Zelizer dans sa biographie, être un outsider à Washington fut pour Jimmy Carter « à la fois une bénédiction et une malédiction ».

Le « discours du malaise »

L’un des moments les plus emblématiques de la présidence Carter reste son allocution télévisée de juillet 1979, surnommée par ses détracteurs le « discours du malaise ». Sur un ton particulièrement sombre, il y évoque une « crise de confiance » et « une menace presque invisible » qui pèserait sur la démocratie américaine. Une prestation jugée bien trop pessimiste qui lui vaudra d’être taxé de faiblesse.

L’épreuve iranienne

C’est finalement la crise des otages en Iran qui signera la fin de l’ère Carter. En novembre 1979, des étudiants islamistes prennent d’assaut l’ambassade américaine à Téhéran, séquestrant une cinquantaine de diplomates et civils américains. Le calvaire durera 444 jours. Une opération militaire de sauvetage tourne au fiasco en avril 1980. Les otages ne seront libérés que le 20 janvier 1981, date de l’investiture de Ronald Reagan.

Les symptômes de cette crise de l’esprit américain sont partout.

– Jimmy Carter, allocution du 15 juillet 1979

Un bilan réévalué

Malgré une présidence entachée d’échecs, le regard porté sur le bilan de Jimmy Carter a évolué avec le temps. On retient notamment son rôle dans les accords de paix israélo-égyptiens de Camp David en 1978, ainsi que son engagement précoce en faveur des droits de l’homme sur la scène internationale. Des avancées longtemps éclipsées par ses revers.

La revanche de l’ex-président

C’est finalement son action après son départ de la Maison Blanche qui réconciliera l’Amérique avec Jimmy Carter. Via le Carter Center, sa fondation basée à Atlanta, il multipliera les missions de médiation et d’observation électorale à travers le monde. Un engagement pour la paix et la démocratie qui lui vaudra le prix Nobel en 2002.

Celui qui fut souvent moqué comme le pire président deviendra paradoxalement « le meilleur ex-président » pour nombre d’Américains. Un nouveau chapitre bien plus gratifiant, de son propre aveu, que ses années à Washington.

L’hommage unanime

Si Jimmy Carter n’aura effectué qu’un seul mandat, son décès à 100 ans suscite aujourd’hui une vague d’émotion à la hauteur de son destin d’exception. De nombreux hommages saluent la mémoire de ce « bâtisseur de paix » et grand humaniste, dont la foi intense guida les pas tout au long de sa vie.

Comme il le confia lors de son dernier combat contre le cancer en 2015, Jimmy Carter aura gardé jusqu’au bout cette sérénité face à la mort, demandant simplement à Dieu de lui accorder « une attitude digne ». Dernière prière d’un homme qui n’aura jamais vraiment quitté sa petite ville de Plains malgré les fastes et les drames de la présidence.

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