Au cœur de la bande de Gaza meurtrie par plus d’un an de guerre, un artisanat ancestral renaît de ses cendres pour pallier les pénuries : la poterie. Façonnée depuis des millénaires sur cette terre, elle redevient aujourd’hui une alliée précieuse pour le quotidien des Gazaouis.
La poterie, remède aux affres de la guerre
Privés de biens de première nécessité, les habitants de Gaza se tournent vers les potiers locaux pour se procurer des objets du quotidien devenus introuvables. Jafar Atallah, 26 ans, témoigne de cette demande sans précédent :
Aujourd’hui, il y a une demande exceptionnelle d’assiettes car rien n’entre dans la bande de Gaza.
– Jafar Atallah, potier gazaoui
Pour répondre aux besoins, le jeune artisan ne quitte plus son four, façonnant jusqu’à 100 pièces par jour. Des quantités loin du rythme d’avant-guerre, mais vendues désormais 5 fois plus cher, signe de leur valeur retrouvée.
La guerre paralyse Gaza
Depuis l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël en octobre 2023, suivie des représailles de l’armée israélienne, la situation à Gaza n’a cessé de se dégrader :
- Sites de production à l’arrêt
- Difficultés d’approvisionnement et de distribution
- Manque de matières premières et d’électricité
- Hôpitaux en manque de carburant
Face à ce chaos, l’atelier de fortune de Jafar Atallah, abrité d’une bâche bleue, apparaît comme un fragile bastion de résilience. À la force de ses mains, il façonne l’argile qui séchera au soleil, pour devenir une poterie salvatrice.
Des assiettes de terre, témoins d’une vie bouleversée
Pour Lura al-Turk, mère de famille réfugiée à Nousseirat, la poterie est devenue la seule option pour nourrir ses enfants. Sur les étals de fortune, les rares alternatives coûtent le double d’avant guerre.
Ces poteries servent aussi à conserver l’eau rendue précieuse par la destruction des réseaux. Ancrées dans la culture palestinienne, elles deviennent le seul recours pour beaucoup, au fil des vagues d’évacuation qui rythment leur quotidien.
Gazaouis : un peuple d’une résilience singulière
Bricolages, astuces, adaptations… Les Gazaouis rivalisent d’ingéniosité pour survivre malgré la précarité grandissante. Mais à travers ces objets de terre cuite, certains ont l’impression de revenir des siècles en arrière, avant même l’âge de pierre.
La poterie, art millénaire de Gaza, renaît ainsi de la guerre comme un symbole poignant. Témoin de vies brisées, elle porte aussi en elle la force d’un peuple qui, envers et contre tout, s’accroche à ses racines pour continuer à vivre.