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La Pologne propose une mission de police en mer Baltique

Alors que le mystère plane sur la coupure de câbles sous-marins en mer Baltique, la Pologne propose une réponse musclée. Le premier ministre Donald Tusk veut créer une mission de police maritime pour protéger les infrastructures critiques face aux menaces. Un nouveau front dans les tensions avec la Russie ?

C’est une proposition qui fait grand bruit sur la scène internationale. Le premier ministre polonais Donald Tusk a annoncé mercredi son souhait de créer une mission de police en mer Baltique pour protéger les « infrastructures critiques ». Une initiative qui intervient après la mystérieuse rupture de deux câbles sous-marins dans la région les 17 et 18 novembre derniers.

Cette coupure, sur laquelle plane le spectre d’un acte de sabotage, a mis en alerte les pays riverains de la Baltique. La Suède a ainsi ouvert une enquête et cherche notamment à faire la lumière sur le rôle d’un navire chinois, le Yi Peng 3, qui se trouvait dans la zone au moment des faits. Pékin comme Moscou ont démenti toute implication, le Kremlin jugeant même « risibles » les accusations portées à son encontre.

Une réponse aux menaces hybrides russes ?

Mais pour Donald Tusk, il est urgent d’agir face à ce qu’il perçoit comme une nouvelle escalade des tensions dans la région. Devant ses homologues nordiques et baltes réunis en sommet en Suède, le chef du gouvernement polonais a plaidé :

« Nous avons besoin de nouveaux instruments (…) afin de contrer les menaces. C’est pourquoi je propose de créer une mission policière en mer Baltique. »

– Donald Tusk, premier ministre polonais

Une proposition qui semble avoir reçu un écho favorable de la part des dirigeants présents, la jugeant « intéressante » selon Tusk. Il faut dire qu’avec l’adhésion imminente de la Suède à l’OTAN après celle de la Finlande, la mer Baltique est en passe de devenir un véritable « lac de l’OTAN », encerclant l’enclave russe de Kaliningrad. Un regain de tensions que Moscou observe d’un œil inquiet.

La piste d’un acte malveillant se précise

En attendant la concrétisation de cette initiative polonaise, l’enquête sur les causes de la rupture des câbles sous-marins se poursuit. Et les soupçons d’un acte délibéré se font de plus en plus précis. Selon le Wall Street Journal, qui cite des sources proches du dossier, les enquêteurs privilégient désormais la thèse selon laquelle le cargo chinois aurait traîné son ancre sur plus de 100 miles au fond de la mer, sectionnant volontairement les précieux câbles.

Un scénario jugé crédible au vu de la trajectoire et du comportement du navire, qui colle avec le lieu et le moment de l’incident. Interrogées, les autorités chinoises ont vivement rejeté ces allégations, les qualifiant de « spéculations sans fondement ».

Une enquête conjointe pour faire la lumière

Face à ces zones d’ombre persistantes, les pays concernés ont décidé d’unir leurs efforts. La Lituanie, la Suède et la Finlande ont annoncé la création d’une équipe d’enquête conjointe, coordonnée par Eurojust. Leur mission : déterminer si ces câbles ont bel et bien été endommagés par des « actes délibérés à des fins subversives ou terroristes ».

En parallèle, le cargo chinois reste sous haute surveillance. La marine danoise et les gardes-côtes suédois suivent de près le Yi Peng 3, immobilisé depuis plus d’une semaine dans le détroit de Kattegat. Beaucoup espèrent que son équipage pourra apporter des réponses aux nombreuses questions qui entourent cette affaire pour le moins troublante.

Un contexte de fortes tensions

Cet incident survient dans un contexte particulièrement tendu en mer Baltique depuis le début de la guerre en Ukraine. Les pays riverains, pour la plupart membres de l’OTAN ou en passe de l’être, accusent régulièrement la Russie de se livrer à des attaques hybrides dans la région.

« Nous partageons une évaluation similaire en matière de sécurité en ce qui concerne les infrastructures critiques et les ressources stratégiques en mer Baltique. »

– Donald Tusk, premier ministre polonais

Les câbles sous-marins, essentiels aux télécommunications et à l’économie mondiale, constituent une cible de choix pour qui chercherait à déstabiliser ses adversaires. Un enjeu sécuritaire majeur que la proposition polonaise de créer une mission de police maritime vise justement à adresser.

Reste à voir si cette initiative se concrétisera et, surtout, si elle suffira à dissuader ceux qui seraient tentés de s’en prendre à ces infrastructures vitales. Une chose est sûre, la mer Baltique est plus que jamais sous haute tension. Et le moindre incident pourrait rapidement dégénérer dans cette poudrière géopolitique.

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