L’ancien premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a récemment livré un entretien au Figaro dans lequel il n’a pas mâché ses mots. Au cœur de ses propos, une critique acerbe de ce qu’il qualifie de « système oligarchique » au sein de l’Union européenne. Une prise de position forte qui résonne comme un coup de tonnerre dans le ciel européen.
Le spectre d’une scission au Parlement européen
Mateusz Morawiecki a en effet évoqué la possibilité pour son parti, Droit et Justice, de quitter le groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE) au Parlement européen. Un groupe présidé par l’Italienne Giorgia Meloni, dont les positions ne semblent plus totalement en phase avec celles du parti polonais.
L’alternative ? La création d’un nouveau groupe baptisé « Visegrad Plus », qui rassemblerait les partis souverainistes des pays d’Europe centrale. Une perspective qui ne manquerait pas de redistribuer les cartes au sein de l’hémicycle européen.
Une convergence de vues en Europe centrale
Mateusz Morawiecki souligne la proximité idéologique entre les dirigeants d’Europe centrale, au-delà de leurs appartenances à des familles politiques différentes. Qu’il s’agisse de Viktor Orban, de Peter Pellegrini ou d’Andrej Babis, tous semblent partager une vision commune sur la majorité des sujets.
Nous partageons les mêmes idées. Quand j’étais premier ministre, Viktor Orban était au PPE, Peter Pellegrini était chez les socialistes et Andrej Babis chez Renew. Nous étions tous les quatre issus de familles politiques différentes mais nous étions sur la même longueur d’onde sur 95 % des sujets.
– Mateusz Morawiecki
Un « système oligarchique » dénoncé
Au-delà des questions de réalignement politique, c’est bien une critique de fond du fonctionnement de l’UE que formule l’ancien premier ministre polonais. Il pointe du doigt ce qu’il considère comme un « système oligarchique » à Bruxelles, qui irait à l’encontre des intérêts et des aspirations des peuples européens.
Une prise de position qui fait écho aux critiques récurrentes formulées par plusieurs dirigeants d’Europe centrale à l’égard des institutions européennes, accusées de dérive technocratique et de déficit démocratique.
Quel avenir pour le projet européen ?
Les propos de Mateusz Morawiecki soulèvent en filigrane la question de l’avenir du projet européen. Face aux tentations centrifuges et aux velléités de réforme exprimées par certains États membres, l’UE paraît plus que jamais à la croisée des chemins.
- Comment concilier l’approfondissement de l’intégration européenne et le respect de la souveraineté des nations ?
- Comment réformer les institutions pour les rendre plus démocratiques et plus à l’écoute des citoyens ?
- Comment gérer les divergences croissantes entre l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud du continent ?
Autant de questions qui appellent des réponses urgentes et audacieuses, sous peine de voir le rêve européen se fissurer un peu plus. Les propos de Mateusz Morawiecki, par leur tonalité et leur portée, constituent à cet égard un signal d’alarme qu’il serait imprudent d’ignorer.
Car au-delà de la Pologne et de l’Europe centrale, c’est bien l’avenir de l’ensemble du continent qui est en jeu. Un avenir qui ne pourra s’écrire qu’à travers le dialogue, le compromis et la recherche inlassable d’un consensus respectueux de la diversité européenne. Un défi immense, mais ô combien nécessaire, pour que l’Europe puisse affronter, unie et solidaire, les défis du XXIe siècle.