Alors que le conflit russo-ukrainien s’enlise, la question des frontières et des négociations de paix revient sur le devant de la scène internationale. Lundi, lors d’un point presse à Paris avec son homologue français, le ministre polonais des affaires étrangères Radosław Sikorski a préconisé « le retour aux frontières internationalement reconnues » en Ukraine.
Une position qui laisse toutefois la porte ouverte à d’éventuelles concessions territoriales « à l’initiative de l’Ukraine elle-même », a-t-il précisé. M. Sikorski a rappelé que le président russe Vladimir Poutine avait lui-même « négocié et ratifié le traité de frontières entre la Russie et l’Ukraine en 2004 ».
L’Ukraine mérite une « paix équitable »
« L’Ukraine mérite la paix, a besoin de la paix. Mais une paix à des conditions équitables. Pas une capitulation », a martelé le ministre polonais. Il a également plaidé pour une accélération de l’élargissement de l’Union européenne à l’Est, estimant que « l’objectif de la Russie est de détruire l’architecture de sécurité de l’Europe ».
Des propos qui font écho à ceux d’Emmanuel Macron lundi matin, appelant les Ukrainiens à « mener des discussions réalistes sur les questions territoriales » dans un contexte difficile sur le terrain, la Russie contrôlant désormais environ 20% du territoire ukrainien.
Le rôle des États-Unis en question
Côté français, on souligne qu’il « appartiendra aux Ukrainiens, le moment venu, de s’interroger sur ces questions » territoriales. « Il appartient aux Ukrainiens de choisir le moment et les conditions de négociation de paix » a déclaré Jean-Noël Barrot, ministre délégué au Numérique.
Le rôle des États-Unis est également scruté de près, notamment avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche le 20 janvier prochain. Le président élu a promis de rapidement mettre un terme à la guerre, sans préciser comment, et a critiqué à de nombreuses reprises l’aide financière américaine à l’Ukraine.
Kiev craint une baisse du soutien américain
Si les autorités ukrainiennes espèrent des décisions fortes de la part de Washington, elles redoutent dans le même temps un affaiblissement du soutien américain sous la prochaine administration Trump. Les milliards de dollars d’aide militaire et humanitaire accordés par les États-Unis ont été cruciaux pour permettre à l’Ukraine de résister à l’invasion russe jusqu’à présent.
Les prochaines semaines s’annoncent donc décisives sur le plan diplomatique, avec en toile de fond la question cruciale des frontières et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Kiev parviendra-t-elle à préserver ses frontières d’avant-guerre ? Moscou acceptera-t-elle un compromis ? Quel sera le positionnement des États-Unis et de l’Europe dans ce bras de fer géopolitique ? Autant d’interrogations qui pèseront lourd dans la recherche d’une issue pacifique au conflit.
