La présidence de Jimmy Carter, de 1977 à 1981, a marqué un tournant majeur dans les relations entre les États-Unis et l’Amérique latine. Malgré le contexte tendu de la guerre froide, Carter a entrepris une politique de réconciliation audacieuse, plaçant les droits humains et la démocratisation au cœur de sa stratégie. Une approche qui a redéfini la dynamique régionale et laissé une empreinte durable.
La rétrocession historique du canal de Panama
L’un des moments forts de la présidence Carter fut la signature du traité Torrijos-Carter en 1977, actant la rétrocession du canal de Panama. Un geste fort, considéré par Carter lui-même comme « la décision la plus courageuse qu’un gouvernement des États-Unis ait prise ». Cette initiative visait à apaiser les tensions et à prévenir une nouvelle crise dans une région stratégique pour Washington.
Carter face aux dictatures d’Amérique centrale
En Amérique centrale, la politique de Carter a été mise à l’épreuve. Au Nicaragua, Washington a pris ses distances avec le dictateur Anastasio Somoza, finalement renversé par le Front sandiniste de libération nationale en 1979. Une position délicate, qui a contraint Carter à renouer l’assistance militaire avec la junte salvadorienne pour éviter une prise de pouvoir communiste, malgré les dérives répressives du régime.
Une main tendue vers Cuba
Carter a également tenté un rapprochement historique avec Cuba, 15 ans après la crise des missiles. Il a assoupli l’embargo et ouvert des sections d’intérêt dans les deux pays. Selon un ancien diplomate cubain, « avec lui s’est ouverte pour la première fois la possibilité d’un dialogue plutôt que d’une confrontation ». Mais l’exode massif de Cubains vers les États-Unis en 1980 a fragilisé cette dynamique.
Jimmy Carter avait compris que s’il ne rétrocédait pas le canal au Panama, la relation entre les États-Unis et le Panama pourrait conduire à une nouvelle crise dans un pays où Washington ne pouvait se donner le luxe de l’instabilité.
Luis Guillermo Solis, ex-président du Costa Rica
Si la politique de Carter a parfois été mise en échec par les événements, elle a néanmoins posé les jalons d’une nouvelle approche, privilégiant le dialogue et les valeurs démocratiques. Une empreinte qui a perduré bien au-delà de son mandat, comme en témoigne sa visite historique à Cuba en 2002, première d’un ex-président américain depuis 1959.
L’héritage contrasté de la doctrine Carter
Malgré les résultats mitigés, la doctrine Carter a marqué une rupture dans la politique étrangère américaine en Amérique latine. En plaçant les droits humains et la démocratisation au cœur de son action, Carter a ouvert la voie à une nouvelle forme de dialogue, loin de l’interventionnisme qui avait prévalu jusque-là.
- Rétrocession du canal de Panama
- Tentative de normalisation des relations avec Cuba
- Soutien aux valeurs démocratiques et aux droits humains
- Non-interventionnisme et coopération multilatérale
Si son successeur Ronald Reagan est revenu à une ligne plus dure, l’empreinte de Carter a perduré. Sa visite à Cuba en 2002, où il a plaidé pour un allègement de l’embargo et une ouverture démocratique, témoigne de la constance de son engagement. Un héritage contrasté, mais qui a indéniablement contribué à redéfinir la relation entre les États-Unis et l’Amérique latine.