En cette fin d’année 2024, alors que la France traverse une période de turbulences, un domaine cristallise bien des inquiétudes : la politique de l’enfance. Entre scandales à répétition dans les crèches, un système d’aide sociale à l’enfance au bord de l’implosion et une exposition croissante des plus jeunes aux écrans, les défis sont immenses. Pour tenter d’y répondre, le gouvernement mise sur une nouvelle instance : un haut-commissariat dédié à l’Enfance, annoncé trois jours après Noël par Emmanuel Macron. Une décision qui suscite autant d’espoirs que d’interrogations.
Un constat alarmant, des attentes immenses
Depuis plusieurs années, la question de la protection de l’enfance revient régulièrement sur le devant de la scène, pour de bien tristes raisons. Selon des sources proches du dossier, les signalements de maltraitance ont bondi de 20% en 2024, tandis que près d’un tiers des crèches privées présentent de graves manquements selon les dernières inspections. Dans le même temps, les services d’aide sociale à l’enfance crient au secours, débordés par l’ampleur des besoins et le manque criant de moyens. Un constat terrifiant, qui place la question de l’enfance au cœur des préoccupations.
Face à l’urgence, les attentes sont immenses envers ce nouveau haut-commissariat à l’Enfance. Sa mission : coordonner l’action du gouvernement sur tous les sujets liés à l’enfance, de la petite enfance à la protection judiciaire de la jeunesse, en passant par l’éducation et le numérique. Un défi titanesque, qui nécessitera de redonner du sens et de la cohérence à une politique trop longtemps morcelée.
Un haut-commissaire pour sortir de l’ornière
Pour mener à bien cette tâche herculéenne, le gouvernement mise sur un haut-commissaire dont le nom est très attendu. Rattaché directement à Matignon, il devra faire preuve à la fois de vision stratégique et de capacités opérationnelles hors normes pour coordonner l’action des différents ministères concernés. Un véritable chef d’orchestre, capable d’impulser un nouveau souffle et de mobiliser l’ensemble des acteurs autour d’une ambition commune : replacer l’intérêt supérieur de l’enfant au cœur de l’action publique.
Mais au-delà de ce choix crucial, de nombreuses questions restent en suspens. Quelle sera la réelle latitude d’action de ce haut-commissaire ? De quels moyens disposera-t-il pour mener à bien ses missions ? Comment parviendra-t-il à se faire entendre au plus haut sommet de l’État, là où se jouent les grands arbitrages budgétaires ? Autant de points d’interrogation qui suscitent le scepticisme de certains observateurs.
Des chantiers prioritaires à lancer d’urgence
Parmi les priorités qui attendent le nouveau haut-commissaire, plusieurs chantiers semblent incontournables. C’est le cas de la réforme tant attendue de l’aide sociale à l’enfance, un système à bout de souffle qui peine à protéger les mineurs les plus vulnérables. Revalorisation du métier d’assistant familial, création de places d’accueil supplémentaires, renforcement de la prévention : les pistes ne manquent pas pour tenter de sortir de l’ornière.
Autre sujet brûlant : la lutte contre les violences faites aux enfants, un fléau qui gangrène notre société. Mieux former les professionnels, libérer la parole des victimes, renforcer la coordination avec la justice : là encore, l’ampleur de la tâche est immense. Sans oublier le défi de la régulation des écrans, alors que de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer les ravages d’une surexposition précoce.
Un symbole fort, mais des doutes sur l’efficacité
Si la création de ce haut-commissariat est saluée par beaucoup comme un signal fort, d’autres pointent ses limites. Sans certitude sur son budget, sans pouvoir décisionnaire, sans autorité directe sur les administrations concernées, la nouvelle instance risque fort de rester une coquille vide, un simple affichage politique. D’autant que ces dernières années, les plans d’action et les effets d’annonce se sont multipliés, sans résultats probants sur le terrain.
Pour que ce haut-commissariat ne reste pas lettre morte, il faudra donc plus que des discours. Des moyens humains et financiers à la hauteur des enjeux, une volonté politique inflexible, une capacité à bousculer les habitudes et les corporatismes : autant de conditions sine qua non pour espérer un vrai changement. Faute de quoi, cette énième initiative risque fort de rejoindre la longue liste des réformes avortées.
« Il est grand temps de remettre l’enfance au cœur de nos priorités. La création de ce haut-commissariat est une première étape, mais il faudra bien plus pour relever les immenses défis qui nous attendent. »
– Un responsable associatif du secteur de la protection de l’enfance.
2023, l’année de tous les dangers pour l’enfance
Qu’on ne s’y trompe pas : derrière les enjeux techniques et institutionnels, c’est bien d’un choix de société dont il est question. Dans un pays qui se targue d’avoir fait des droits de l’enfant une priorité absolue, la situation actuelle apparaît comme une triste contradiction. Maltraitances dans des structures d’accueil, mineurs délaissés par une aide sociale débordée, enfants sacrifiés sur l’autel du tout-écran : les signaux d’alerte se multiplient, sans réaction à la hauteur.
L’année 2023 aura ainsi été celle de tous les dangers pour les plus jeunes. Avec son lot de drames, de polémiques et de renoncements, elle restera comme un triste symbole des carences de notre pays en matière de politique de l’enfance. Face à ce constat accablant, il y a urgence à agir. Car c’est bien l’avenir de notre société qui se joue dès les premières années de la vie.
Investir dans l’enfance, un impératif pour l’avenir
Pourtant, les arguments ne manquent pas pour faire de l’enfance une priorité absolue. Sur le plan humain d’abord, car rien n’est plus précieux que ces années fondatrices, où se construit l’essentiel de ce que nous sommes. Mais aussi sur le plan économique et social, tant il est prouvé qu’un euro investi dans la petite enfance est un euro rentable pour la collectivité, en termes de réussite scolaire, d’insertion professionnelle et même de santé.
Alors, simple coup de communication ou véritable prise de conscience au plus haut sommet de l’État ? L’avenir nous le dira. Mais une chose est sûre : il y a urgence à remettre l’enfance au cœur de nos priorités. Pour redonner espoir et dignité à tous ces enfants malmenés par la vie. Pour bâtir, enfin, une société plus juste et plus humaine, où chaque petit d’homme pourra s’épanouir et trouver sa place. Un immense défi, dont nous ne pouvons plus nous détourner.