C’est une triste nouvelle pour le patrimoine viticole français. La vigne historique de Reims, plus ancienne de France avec ses quelque 370 ans d’existence, ne sera pas vendangée cette année. Malade, affaiblie par l’oïdium et le mildiou, elle ne donnera pas ses fameuses grappes au jus vert fluo en 2024. Un coup dur pour ce cépage rarissime, le Verjus, que l’on croyait même disparu.
Un patrimoine végétal pluriséculaire menacé
Plantés vers 1650 dans la cour de l’ancien collège des Jésuites à Reims, ces six pieds de vigne font partie intégrante de l’histoire viticole de la cité des sacres. Mais cette année, les grappes ont été fortement abîmées par deux maladies cryptogamiques, l’oïdium et le mildiou, empêchant toute vendange. La récolte atteint habituellement entre 200 et 300 kg de raisin.
Un cépage d’exception
Le Verjus est un cépage très ancien, autrefois répandu dans les villes au XVIIIe siècle. Palissé en hauteur sur les façades, il prenait peu de place au sol. Son jus très acide servait de substitut au vinaigre. Tombé en désuétude, on le croyait disparu jusqu’à la redécouverte de ces pieds historiques à Reims.
C’est ce qui a altéré la qualité du raisin : les baies sont éclatées. Le mildiou a provoqué le dessèchement des raisins blancs. Les grappes sont plus petites et moins nombreuses.
– Jean-François Perrot-Minnot, vice-président de l’Union des œnologues de France pour la Champagne
Des contraintes de traitement
Adossée à un monument historique classé, l’ancien collège des Jésuites, cette vigne ne peut pas bénéficier des mêmes traitements que le reste du vignoble champenois :
- L’utilisation du cuivre, même naturel, est proscrite car il teinterait en bleu la façade.
- Les traitements sont très limités pour protéger le bâtiment classé.
- Le cépage Verjus est heureusement extrêmement vigoureux et devrait bien se rétablir.
Espoir pour les vendanges 2025
Si les conditions climatiques le permettent, la vigne historique de Reims devrait retrouver sa superbe et sa productivité dès l’an prochain. Après une taille hivernale pour réorienter la végétation, tous les espoirs sont permis pour les vendanges 2025. Le jus issu de ces grappes d’exception pourra à nouveau servir à confectionner des sauces, du ratafia ou des chocolats.
En attendant, c’est tout un pan du patrimoine végétal français qui est suspendu au destin de ces six pieds de vigne uniques au monde, miraculeusement préservés depuis près de quatre siècles au cœur de la cité champenoise. Un trésor vivant à chérir et protéger.
