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La pétition contre l’islamophobie de la députée EELV Sabrina Sebaihi suscite l’indignation

Une pétition lancée par la députée EELV Sabrina Sebaihi contre l'islamophobie le 13 novembre, jour anniversaire des attentats, soulève un tollé. Faut-il une commission sur l'islamophobie à l'Assemblée ? La polémique enfle...

Le 13 novembre 2024, jour du triste anniversaire des attentats meurtriers à Paris, la députée EELV Sabrina Sebaihi a lancé une pétition demandant une commission à l’Assemblée nationale pour lutter contre l’islamophobie. Une initiative qui a immédiatement suscité un tollé dans la classe politique et sur les réseaux sociaux.

Une pétition polémique le jour des commémorations

C’est par un tweet que la députée écologiste Sabrina Sebaihi a annoncé le lancement de sa pétition intitulée “Le laissez-faire politique sur l’islamophobie doit cesser”. Elle y réclame la création d’un “espace de travail” à l’Assemblée nationale pour “analyser cette discrimination et y apporter des réponses”.

Problème : cette pétition a été lancée précisément le 13 novembre, jour anniversaire des terribles attentats djihadistes qui ont endeuillé Paris et Saint-Denis en 2015, faisant 130 morts et des centaines de blessés. Un “timing” qui a immédiatement fait bondir de nombreux internautes et responsables politiques.

Une “infâme merde” pour un élu

Sur Twitter, un élu local s’est indigné : “Pour publier ça le jour anniversaire du plus grand massacre perpétré par des musulmans dans notre pays – massacre commis au nom de leur religion, de leur dieu, de leur prophète bien entendu – quel genre d’infâme merde faut-il être ?” D’autres se sont étonnés qu’on puisse demander une commission sur l’islamophobie “le jour où on commémore les victimes de l’islamisme”.

La députée se défend et maintient

Face à la polémique, Sabrina Sebaihi a tenté de se justifier, affirmant que la date du 13 novembre n’avait pas été “calculée” et qu’il ne fallait pas faire “d’amalgame” entre terrorisme et discrimination des musulmans. Mais elle a maintenu sa demande de commission, estimant que la lutte contre l’islamophobie était une “priorité”.

Son parti EELV ne l’a pas désavouée, même si certains responsables écologistes auraient préféré une autre date pour ce genre d’initiative. La pétition reste active et a recueilli plusieurs milliers de signatures, ainsi que de nombreux commentaires très critiques.

L’islamophobie, un sujet clivant

Au-delà de la date choisie, cette polémique révèle une nouvelle fois le caractère très clivant de la question de l’islamophobie dans le débat français. Si la lutte contre les discriminations fait consensus, la définition même du terme “islamophobie” et son utilisation font débat.

Pour une partie de la classe politique, notamment à droite et à l’extrême-droite, dénoncer l’islamophobie reviendrait à établir une sorte de délit de blasphème et à accorder un statut privilégié à l’islam. Des associations de défense de la laïcité s’inquiètent également d’une instrumentalisation de l’islamophobie pour faire taire les critiques de la religion.

À l’inverse, une partie de la gauche et des associations antiracistes estiment que les musulmans sont victimes d’un racisme spécifique qui doit être combattu en tant que tel. Elles accusent leurs détracteurs de minimiser les discriminations bien réelles dont sont victimes de nombreux musulmans.

La majorité silencieuse pour l’instant

Dans ce débat, le gouvernement et la majorité présidentielle sont restés pour l’instant silencieux sur la pétition de Sabrina Sebaihi. Ils se sont contentés de rendre hommage aux victimes du 13 novembre et de rappeler leur engagement dans la lutte contre le terrorisme.

Il est probable que l’exécutif ne souhaite pas s’emparer d’un sujet aussi polémique que celui de l’islamophobie, à un an et demi des élections législatives. Mais il sera sans doute obligé de se positionner si la pétition atteint les 100.000 signatures, seuil à partir duquel une commission d’enquête parlementaire peut être créée.

La polémique autour de la députée EELV montre en tout cas que la question de la place de l’islam et des musulmans dans la société française reste un sujet brûlant. Entre les postures indignées des uns et les initiatives maladroites des autres, il semble difficile d’avoir un débat apaisé sur ces questions. Pourtant, neuf ans après les attentats de 2015, ce dialogue apparaît plus que jamais nécessaire.

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