Il est des films qui ont le don de vous transporter loin du quotidien, le temps d’une parenthèse enchantée. C’est le cas de La Petite Vadrouille, la nouvelle comédie de Bruno Podalydès qui nous embarque pour une croisière loufoque et poétique le long des canaux. Un hymne à la joie et à la liberté qui fait un bien fou.
Une troupe d’escrocs sympathiques
Tout commence quand Justine, assistante zélée, se voit confier par son patron une mission peu banale : organiser un weekend romantique sur une péniche pour sa dernière conquête. Contre la coquette somme de 14 000 euros. N’écoutant que son sens des affaires, Justine recrute son mari désargenté et une bande de copains fauchés pour jouer les membres d’équipage.
Sandrine Kiberlain, parfaite en organisatrice bordélique, mène cette petite troupe haute en couleurs. Il y a là Denis Podalydès, jaloux maladif en costume orange, Bruno Podalydès, capitaine débonnaire, et Isabelle Candelier pour compléter ce casting aux petits oignons. Tous rivalisent de déguisements improbables et accumulent gaffes et quiproquos pour donner le change à un Daniel Auteuil, en séducteur blasé.
Échappée bucolique
Mais rapidement, l’arnaque improvisée se transforme en parenthèse enchantée. Au fil de l’eau, le temps semble suspendu. Les paysages défilent, bucoliques à souhait. On s’octroie des siestes sur le pont, des pique-niques sur l’herbe façon Renoir. Un guitariste envahissant pousse la chansonnette, une artiste loufoque expose ses œuvres incongrues.
Ces goûts démodés ajoutent au plaisir de participer à cette croisière remplie d’escrocs sympathiques et amateurs, ponctuée de siestes improvisées et de déjeuners sur l’herbe à la Renoir.
Eric Neuhoff, Le Figaro
Bruno Podalydès filme ce joyeux bazar avec une tendresse communicative. Sa mise en scène toute en douceur, aux accents rétro, semble hors du temps. Les tubes d’antan d’Hugues Aufray ou d’Alain Barrière ajoutent à ce charme suranné. On pense aux comédies solaires de Pascal Thomas, à la poésie flâneuse d’un Sautet.
Vive le cinéma en liberté
Porté par un casting en or, La Petite Vadrouille est une bouffée d’air frais. Une échappée joyeuse, une virée fantaisiste loin des sentiers battus. Une comédie légère comme une plume, mais profondément humaniste, qui célèbre la liberté de vivre et de créer.
Créer comme Bruno Podalydès, cinéaste malicieux qui suit son inspiration avec une évidente jubilation. Qui s’amuse des codes de la comédie, emprunte au théâtre de boulevard, détourne le film de casse. Le résultat est inclassable, déroutant parfois, mais diablement attachant.
Alors laissez-vous tenter par cette petite vadrouille cinématographique. Vous en ressortirez des étoiles plein les yeux, un sourire jusqu’aux oreilles, et une furieuse envie de larguer les amarres. Vive le cinéma en liberté !