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La Palestine reconnue par la Macronie : le clan divisé

Tensions chez les macronistes sur la Palestine à quelques jours des européennes ! Le soutien de Le Drian et Guetta à la reconnaissance d'un État palestinien sème le trouble. Hayer dément, mais jusqu'où ira la cacophonie ? #Macron #Palestine #UE

En cette dernière ligne droite avant les élections européennes, un sujet brûlant met soudain la macronie dans l’embarras : la reconnaissance d’un État palestinien. Alors que plusieurs pays européens ont récemment franchi le pas, deux poids lourds de la majorité présidentielle se sont publiquement exprimés en faveur de cette option. De quoi semer le trouble et révéler des divergences à quelques jours d’un scrutin crucial.

Le Drian et Guetta sèment le trouble

Le premier à dégainer fut Jean-Yves Le Drian, président du comité de soutien de Valérie Hayer, chef de file LREM pour ces européennes. Dès samedi dans le Parisien, l’ancien ministre des Affaires européennes jugeait la reconnaissance de l’État palestinien « indispensable » pour « maintenir en vie la solution de deux États ». Un soutien de poids, venant d’une figure respectée sur les questions diplomatiques.

Quelques jours plus tard, c’est au tour de Bernard Guetta, eurodéputé en position éligible sur la liste macroniste, d’abonder en ce sens. Sur Sud Radio lundi, il estimait qu’il fallait « mettre un coup d’arrêt » à la colonisation israélienne en reconnaissant la Palestine. Deux prises de position lourdes de sens, reflétant une évolution dans une partie de la majorité.

L’ombre de l’attaque israélienne à Gaza

Impossible de ne pas y voir un lien avec le raid israélien qui a fait de nombreuses victimes civiles la semaine dernière à Rafah, dans la bande de Gaza. Une attaque qui a choqué une large part de l’opinion internationale et relancé le débat sur la politique israélienne dans les Territoires occupés. Face à l’enlisement du processus de paix, la tentation grandit en Europe de « changer la donne » en reconnaissant unilatéralement un État palestinien.

L’Espagne et l’Irlande ont sauté le pas

C’est la voie choisie récemment par Madrid et Dublin. Le nouveau gouvernement espagnol de gauche a reconnu la Palestine en avril, quelques semaines après une décision similaire du parlement irlandais. Hors UE, la Norvège a également franchi le pas. Une dynamique semble s’enclencher en Europe, même si des pays importants comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni restent réticents.

Malaise et démenti dans la majorité

Prise de court, Valérie Hayer s’est empressée de démentir tout changement de ligne, réaffirmant l’attachement de LREM à une « solution négociée » entre Israéliens et Palestiniens. Mais le malaise est palpable, certains députés macronistes jugeant « intenable » de camper sur une position attentiste alors que la colonisation s’accélère sur le terrain.

Il faut être à la hauteur de l’enjeu et de l’urgence. On ne peut pas juste attendre les bras croisés qu’Israël et la Palestine se mettent d’accord, il faut des actes forts.

Un député LREM souhaitant rester anonyme

Alors, vers une inflexion de la position française ? Emmanuel Macron avait évoqué en décembre la possibilité d’une reconnaissance « le moment venu », sans plus de précision. Sollicité, l’Élysée se refuse à tout commentaire, mais de sources concordantes, le statu quo devrait être maintenu au moins jusqu’aux européennes. Pas question pour le président de s’aventurer sur ce terrain miné à quelques jours du scrutin.

L’opposition à l’affût

À droite comme à gauche, les oppositions ne manquent pas de relever ces divergences et tergiversations dans la majorité. Marine Le Pen accuse Emmanuel Macron de « ne pas avoir de position claire », quand Jean-Luc Mélenchon appelle à « passer des discours aux actes » en reconnaissant la Palestine comme l’ont fait d’autres pays européens. Au vu de ces débats agités, pas sûr que le sujet soit soldé après les européennes…

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