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La Nouvelle Administration Syrienne Cherche l’Apaisement avec les Minorités

La nouvelle administration syrienne multiplie les gestes envers les minorités religieuses, inquiètes depuis la chute du régime Assad. Le dirigeant intérimaire a rencontré le clergé chrétien, alors que des incidents ont ravivé les craintes. Parviendra-t-il à rassurer dans un pays multiconfessionnel meurtri par 14 ans de guerre civile ?

Alors que la Syrie peine à se relever après près de 14 années d’une guerre civile dévastatrice, la nouvelle administration issue du renversement du régime de Bachar al-Assad en décembre dernier s’efforce de rassurer les différentes composantes de la société. Parmi les premiers gestes forts, Ahmad al-Chareh, le nouveau dirigeant syrien, a reçu mardi à Damas une délégation de représentants du clergé de la communauté chrétienne.

Cette rencontre intervient dans un contexte d’inquiétudes parmi les minorités religieuses du pays, qui attendent des garanties de la part des nouvelles autorités intérimaires. Il faut dire que le pouvoir précédent, dominé pendant plus d’un demi-siècle par la famille Assad issue de la minorité musulmane alaouite, s’était longtemps posé en protecteur des minorités, tout en muselant toute opposition.

Une transition inclusive pour panser les plaies

Face aux immenses défis de la reconstruction et de la réconciliation nationale, le nouveau pouvoir doit multiplier les signaux d’apaisement. D’autant plus que la coalition rebelle qui a pris le contrôle du pays est emmenée par le groupe islamiste radical sunnite Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Des incidents récents, comme l’incendie d’un sapin de Noël ou une attaque contre un sanctuaire alaouite, ont ravivé les craintes de débordements.

Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a appelé à une transition politique en Syrie « qui intègre l’ensemble des communautés dans leur diversité, qui fasse respecter les droits les plus élémentaires, les libertés fondamentales. » Un vœu partagé par beaucoup de Syriens lassés par tant d’années de violences et de divisions.

Des gestes symboliques pour rassurer

La rencontre entre Ahmad al-Chareh et les représentants des Églises chrétiennes (orthodoxe, catholique, arménienne, anglicane…) constitue une première étape dans cette direction. Le nouveau pouvoir a également condamné les récentes attaques contre des symboles religieux. Et une femme, Maysaa Sabrine, vient d’être nommée pour la première fois gouverneure par intérim de la Banque centrale syrienne.

Notre attente principale c’est que les Syriens puissent reprendre en main leur propre destin.

Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères

Autre signe d’ouverture, les nouvelles autorités ont reçu lundi une délégation des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition dominée par des combattants kurdes et soutenue par les États-Unis. Selon un responsable, il s’agissait d’une « réunion préliminaire pour jeter les bases d’un futur dialogue ». M. Chareh avait déjà affirmé que les FDS devraient être intégrées à la future armée syrienne.

Une entreprise laborieuse de normalisation

Les autorités intérimaires doivent toutefois encore faire leurs preuves dans un pays profondément meurtri et divisé. Sur le terrain, les tensions restent fortes, à l’image d’une attaque mardi par des combattants pro-turcs contre un barrage des forces kurdes à Alep, qui a fait 3 morts.

L’emprise des groupes islamistes sur le nouveau pouvoir fait aussi l’objet de critiques. Certains leur reprochent de monopoliser les postes clés au sein des institutions provisoires. Comme l’illustre la nomination d’un ancien commandant de HTS, Qoutaïba Ahmed Badaoui, à la tête des terminaux frontaliers.

La route est encore longue pour ramener la stabilité et la confiance en Syrie après tant d’années de chaos. Mais les premières initiatives des nouvelles autorités, notamment envers les minorités, semblent aller dans le sens d’une transition plus ouverte et inclusive. Tout l’enjeu est désormais de transformer ces gestes en réel processus de dialogue et de réconciliation nationale. Avec l’espoir que les Syriens de toutes confessions puissent enfin reconstruire ensemble leur pays dévasté.

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