Dans le domaine de la santé mentale, une petite boîte fine installée sous la clavicule est en train de révolutionner le traitement de la dépression résistante. Ce minuscule appareil, un stimulateur du nerf vague, permet aux patients de se passer de traitements médicamenteux lourds et offre un espoir inédit de rémission.
La dépression résistante touche environ un patient sur cinq, qui ne parvient pas à guérir malgré les antidépresseurs. C’est pour ces personnes en grande souffrance que les équipes du GHU Paris psychiatrie et neurosciences de l’hôpital Sainte-Anne ont importé en 2020 une technique novatrice utilisant un pacemaker et un fil électrique relié au nerf vague dans le cou.
Le nerf vague, une autoroute vers le cerveau
Le nerf vague est un élément clé du système nerveux, qui fait le lien entre le cerveau et le reste du corps. En le stimulant électriquement de manière régulière et indolore via une électrode, le pacemaker permet de réduire, voire d’annihiler les épisodes dépressifs.
Louis, un patient équipé du stimulateur, témoigne de son efficacité :
Les effets positifs se sont fait sentir après quelques semaines seulement alors que j’étais profondément déprimé depuis plus de vingt ans. Les médicaments n’avaient aucun effet sur moi.
Louis, patient traité par stimulation du nerf vague
Une alternative à la sismothérapie
Auparavant, Louis devait recourir à des séances de sismothérapie, plus connue sous le nom d’électrochocs. Un traitement efficace mais très lourd, nécessitant des visites régulières à l’hôpital et une anesthésie générale. Sans compter les effets secondaires comme des pertes de mémoire temporaires après chaque séance.
Le stimulateur du nerf vague a donc été pour lui une véritable délivrance. Cette solution, bien que neurochirurgicale, est peu invasive et permet au chirurgien d’opérer sans toucher directement le cerveau.
Multiplier par 5 les chances de rémission durable
Selon le Pr Domenech, psychiatre à l’Institut de neuromodulation de l’hôpital Sainte-Anne, la stimulation du nerf vague est aujourd’hui la technique la plus aboutie contre la dépression résistante. Elle permet de multiplier par cinq les chances d’une rémission durable en stabilisant l’humeur.
Si elle ne garantit pas l’absence de rechute, cette méthode permet de rendre les épisodes dépressifs moins graves et moins longs. Elle offre une vraie perspective d’amélioration sur le long terme aux patients en échec thérapeutique.
Une technique personnalisable et réversible
Le neurochirurgien Marc Zanello souligne que la stimulation du nerf vague présente l’avantage d’être personnalisable et réversible. Les paramètres de stimulation peuvent être adaptés à chaque patient. Et en cas de besoin, il est possible de retirer le dispositif sans séquelle, les risques pour le patient étant très faibles.
Cette intervention se déroule dans le cadre d’un travail d’équipe pluridisciplinaire associant psychiatres et neurochirurgiens. Une collaboration essentielle pour proposer une solution adaptée aux patients souffrant de dépressions sévères.
Vers un remboursement par la Sécurité sociale ?
Actuellement, la pose d’un tel stimulateur n’est pas prise en charge par l’Assurance maladie. Mais une étude médico-économique est en cours, financée par le ministère de la Santé, pour évaluer la pertinence d’un remboursement.
Ses conclusions, attendues d’ici 2029, pourraient ouvrir la voie à une meilleure accessibilité de ce traitement novateur. Une avancée qui redonnerait espoir à des milliers de patients pour lesquels les traitements classiques ont échoué.
La neurochirurgie, alliée à la psychiatrie, est donc en passe de révolutionner la prise en charge des dépressions résistantes. Avec la stimulation du nerf vague, c’est un nouvel horizon thérapeutique qui s’ouvre, porteur d’espoir pour les patients en grande souffrance.